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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 12:06

En rase campagne, électorale ou autre, N. Sarkozy ne maîtrise pas bien la situation, notamment le monde paysan. Il ne les côtoie pas fréquemment, les paysans, cela se voit bien, car s’il le faisait, il saurait qu’un paysan, chez lui, sur ses terres - de plus ou moins 40 ha -, loin des ors du Fouquet’s,  parle en principe franchement, peu importe la notoriété de son interlocuteur. Il lui parlera comme à un égal, croyant peut-être avec une certaine naïveté que ce dernier l’entendra. Certains appelleront cela le bon sens paysan. Voilà pour l’égalité telle qu’elle figure au fronton des mairies, mais certains élus ne le supportent pas, habitués qu’ils sont à se faire caresser dans le sens du poil. Ou ils ne le comprennent pas, ne saisissent pas qu’ils ne sont pas là dans une joute politicienne, même si l’échange est filmé, mais qu’ils sont réellement en face de ce fameux peuple qu’ils prétendent défendre. Et  c’est là que cette manie de vouloir être filmé à tout-va peut se révéler contre-productive au sens politicien du terme.

Le président pourrait au moins essayer de jouer le jeu en écoutant les doléances de ses interlocuteurs. Mais "le petit monde de Nicolas Sarkozy" semble s’arrêter au Salon de l’agriculture. Où, nous dit-il, pour la première fois, il a trouvé que l’ambiance était bonne ! (cf. vidéo)

Ben voyons, quand le folklore va, tout va !

 

 

De toutes les perles qu’il a livrées sur l’exploitation qu’il visitait durant les 2 petites minutes que dure cette vidéo, on  ne sait par quel bout commencer, tant  le discours est hallucinant, et si après cela, les paysans se croient encore écoutés par leur président de la République, c’est que eux, trop préoccupés de vouloir se faire entendre des élus, n’entendent pas le message subliminal que leur envoie le président.

Qu’est-ce qu’il leur dit, exactement, notre président ?

L'éleveuse évoquant la pénibilité de son travail et ses problèmes financiers, lui fait cette remarque : "Dans l’agriculture, on n'est pas aux 35 heures, hein." (Constatation évidente de quelqu’un qui ne touche même pas le smic en ne comptant pourtant pas ses heures de travail.)

Réponse de Nicolas Sarkozy : "Moi non plus."

Ce « moi non plus » est révélateur. Il signale un égocentrisme qu’on n’attendait même pas à si forte dose dans ce contexte. Voyez comme tout tourne autour du président. Il n’a pas compris qu’il ne s’agit pas de lui dans cette discussion, qu’il n’est pas censé être venu se faire admirer ou plébisciter par le peuple, mais plutôt écouter la plainte du petit paysan. Je précise « petit », parce qu’avec seulement 40 ha, comme nous l’apprendrons ensuite, un paysan survit, ne peut d'ailleurs que survivre, contrairement aux gros propriétaires fonciers de la Beauce, céréaliers en principe, qui brassent la majeure partie des subventions européennes, forts de leurs propriétés de plus de 400 ou 500 ha.  Non, M. Sarkozy prouve qu’il est un politicien à 100%, que  le politique reprend chez lui toujours le dessus, que les problèmes de son interlocuteur ne l’intéressent pas, en fait, le message est clair : tu me fais de la pub pour me faire mousser auprès des paysans, c’est tout ce que je te demande. Tout à sa campagne électorale, il ne voit pas la campagne agricole. Imaginons seulement  la Reine d’Angleterre, toute dédiée à son rôle de monarque, devant ses sujets, elle aurait penché la tête et posé au moins une question du genre : » qu’est-ce qui vous faire dire cela ? ». Notre président, lui, a montré, avec seulement ces trois mots, qu’il ne considère le débat que comme une joute verbale et l‘interlocuteur comme un faire-valoir ou un adversaire à battre. Or, comme les deux paysans, par leur franchise, lui échappent, le président répond systématiquement à chaque fois comme si son interlocuteur était un adversaire politique auquel il faudrait damer le pion. Sarkozy n’écoute pas la plainte du petit paysan, ses doléances, il n’entend pas sa souffrance, celle de tous ces petits paysans qui doivent s’endetter à mort pour pouvoir être rentables et survivre. Tiens, a-t-on d’ailleurs parlé du taux de suicide chez les paysans, qui, dans ce créneau, battent tous les records ? Non, avant d’en arriver là, le petit paysan, comme on le nomme aisément, essaye de faire passer le message de sa détresse financière et morale.

Mais poursuivons la conversation.

L'agriculteur  rétorque prosaïquement au président: "Oui, mais on n'a pas le même salaire."

L'agricultrice : "Nous, on n'a rien. On vivote."

À ces mots, le président lâche une répartie « hors-sol » hallucinante : "Franchement, hein, moi, je ne suis pas propriétaire de 40 hectares, hein, ok, ok, ok ? »

Signalons au passage la répétition frénétique des "ok ok ok" qui trahissent un certain désarçonnement du président face à tant de franchise paysanne. Il doit bien sentir qu'il est un peu à côté du sujet et que la conversation dérape... son esprit doit tourner à mille tours pour tenter de retourner la situation (l'exercice sera manqué, ce qui est fort étonnant pour quelqu'un dont on prétend qu'il a six, sept ou huit cerveaux, je ne sais plus...)

Ce faisant, il  repousse l’agriculteur de la main, puis fait de même à l’agricultrice qui vient de lui répondre du tac au tac : "Mais vous avez autre chose en banque peut être."

Ah, ce bon sens paysan, ça fait peur, non?! (oui, car le bon sens paysan, en bon français politicien, rime avec insolence…)  

Et le président continue sur sa lancée : « Quand il ( un contrôleur, un élu? La vidéo ne le dit pas) vient et qu’’il voit ça (l’installation, je suppose ;  il faudra lui expliquer sans doute qu'il en faut bien une - aux normes obligatoires -  puisque, aux dernières nouvelles, les vaches ne savent pas se traire toutes seules…), si à chaque fois qu’on prend une mesure pour vous, ça ne compte pas, alors, on va être dans la même situation ! il faut encourager… parce qu’à moment donné… »

L’agriculteur, : « au bout d’un moment, il faut retrouver ses billes ! »

L’agricultrice : « Il faut transmettre l’exploitation ! »

Réponse  (sic) : (» Écoutez, j’ai été au salon de l’agriculture, c’est la première fois que j’ai connu une bonne ambiance. »).

Circulez, y a rien à voir !

Qu’à dit le président, en somme ?

 

RIEN sur le malaise paysan, absolument RIEN sur le fond, sauf : que ces deux paysans, ils commençaient à le faire » suer »

1)      avec leurs exagérations sur leurs difficultés financières, (franchement, moi, je n’ai pas une propriété de 40 ha !). C’est vrai, ça ! Arriver à faire passer un paysan avec ces 40 ha pour un affreux nanti de la République, il fallait le faire ! C’est fait !

2)      avec leurs installations « rutilantes » (quand il vient et qu’il voit ça …!) et MAM d’opiner du chef à ses côtés, pour faire bonne mesure dans la réprobation.

3)      avec leurs jérémiades (si à chaque fois qu’on prend une mesure pour vous, ca ne compte pas, alors…)

4)      avec leur défaitisme, franchement, de quoi se plaignent-ils, les paysans ? (» écoutez, j’ai été au salon de l’agriculture, c’est la première fois que j’ai connu une bonne ambiance. »).

Certaines choses ont dû lui échapper :

1)      accessoirement, il semble qu’il ne sache pas que le prix des terres agricoles n’est pas celui des terrains à bâtir sur la Côte d’Azur… Pense-t-il vraiment que les paysans soient des nantis ou faut-il y voir simplement du cynisme de sa part?

2)      Il fait comme si, avec leurs salles de traite aux normes, ces paysans avaient la folie des grandeurs et affichaient ainsi un signe extérieur de richesse alors qu’ils ne font que se soumettre aux normes requises par la réglementation sur les installations agricoles. Par ailleurs, l’agriculture actuelle fait usage de technologies de pointe qui sont nécessaires sur les exploitations. Faudrait-il traire encore les vaches comme au temps de Pagnol et de la fille du puisatier ? Autant pour l’impératif de compétitivité qui leur est imposé par  la  mondialisation

3)      Le président doit pourtant savoir que des normes strictes sont imposées pour les installations agricoles, entre autres pour des motifs sanitaires. Si l’installation n’est pas aux normes, les paysans plient boutique. Cela veut dire que les jeunes agriculteurs qui s’installent s’endettent jusqu’au cou pour financer leur exploitation, que leurs parents hypothèquent souvent leurs biens avec tous les risques que cela entraîne, notamment en raison de  la baisse constante des prix payés aux producteurs.

4)      Bref, des problèmes du monde agricole,  Sarkozy ne retient que le salon. Son folklore, ses vaches, veaux, cochons, couvées…

 

 Encore plus que son incompréhension totale du monde agricole, les réparties de notre président affichent un parfait manque d’intérêt pour l’avenir de cette profession. À  des années lumière des problèmes du monde agricole.

 

Franchement, oui franchement, le monde agricole, c’est bien la première fois qu’un président de la République lui signifie - franchement - d’aller se faire voir … chez les Grecs, peut-être ?

 

vidéo: http://www.dailymotion.com/video/xp67px_sarkozy-malmene-egalement-dans-une-ferme-basque_news

 

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commentaires

F
Honte à nous, comme elle y va la souris des champs!!!Je n'ai pas voté pour lui, moi....me sens pas concernée par la honte!!<br /> par la colère et l'énervement, ah oui, plutôt!<br /> bonne nuit, souris des champs, et garde toi du rat des villes!
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S
Sarkocorico, petit coq de basse-cour, se pavane sur son tas de fumier. Ce type a une cervelle de poule. On se demande comment ce crétin a pu être à la tête de l'Etat. Honte à nous.
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N
Tartuffe ou l'imposteur de la République s'est pris les pieds dans la bouse ! On lui avait bien recommandé d'aller caresser les agriculteurs dans le sens du poil, surtout celui de leurs veaux,<br /> vaches ou moutons. Rien qui ne soit insurmontable et qui fasse devenir chèvre notre Tartuffe premier. "Bah, les voix des bouseux, j'vais vous les ramasser à coups de fourche ! Une paille ! Toute<br /> une charrette que j'vais vous ramener dans l'escarcelle présidentielle !" Sauf qu'à trop vouloir jouer le coq de basse-cour, l'encarté de l'Elysée n'a pu éviter les couacs et c'est bien lui qui<br /> s'est lamentablement vautré dans le lisier de sa campagne ! On ne pourra pas lui reprocher d'avoir été un lèche-cul-terreux mais de là à se comporter avec autant de mépris vis à vis des éleveurs,<br /> pour sur cela ne l'a pas élevé, lui ! Il faut savoir trier le bon grain de l'ivraie, et présentement l'ivraie nous l'avons identifier. Allez hop au rebut ! Espérons que nos amis,éleveurs et<br /> producteurs agricoles, n'auront pas la mémoire courte et que cette escapade rurale du Tartuffe de la république fera bien le foin qu'elle mérite. Il a voulu nous refaire le coup de la béatitude<br /> dans une étable, le petit messie, histoire de prolonger son temps d'élu, mais il a mis la charrue avant le boœuf et de ce fait il a pris la place de l'âne !
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F
J'ai vu et entendu cela hier, et je suis restée effectivement sans voix devant tant de , comment dire, "arrogance"?????<br /> Et surtout, il était totalement à côté de la plaque, le président, on ne lui parlait pas , évidemment, de lui, on ne lui demandait pas de quel patrimoine immobilier il est propriétaire...on<br /> n'attend pas ce genre de réponses de l'homme "aux 3 cerveaux".....président candidat....et bien si ça passe, ce genre de comportement, on n'a pas fini de se poser certaines questions quant à la<br /> démocratie, et au pouvoir des élections.......
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L
Le (cow)-boyscout de l'Elysée va rater sa moisson de voix dans cette campagne, qu'elle soit politique ou rurale, car le petit chef a décidé de l'écraser de toute sa morgue. Effectivement il n'a<br /> aucune considération pour les autres qui ne doivent être que des faire-valoir. Pour certains il ressortira des promesses qu'il ne tiendra pas(le passé ne plaide pas en sa faveur et pourquoi<br /> changerait-il?), pour d'autres il leur marchera dessus car l'essentiel c'est bien le pouvoir ! L'imaginer tel le Mickey de "l'apprenti sorcier" de Disney pourrait prêter à sourire s'il n'avait<br /> entre les mains, non un balai, mais les destinées économiques et politiques de notre pays. Alors le balai en question, gardons le pour lui en mettre un bon coup et le renvoyer dans son milieu<br /> bling-bling et pédant.
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