Plusieurs pays européens ont été obligés, au cours de leur histoire, de former des coalitions pour pouvoir être gouvernés. Chez nos voisins les plus proches, on peut citer l’Allemagne et, depuis quelques jours, la Grande-Bretagne. L’Allemagne, pour sa part, est habituée aux coalitions. C’est même sa spécialité. Certaines d'entre elles peuvent contraindre deux partis rivaux à gouverner ensemble, comme cela avait été le cas en son temps lors de la coalition entre le parti centre-droit CDU d’Angela Merkel et les sociaux-démocrates de la SPD. D’autres sont plus « naturelles », à l’exemple de la coalition formée récemment, suite à des élections, entre la CDU et le centre libéral FDP de Guido Westerwelle. Enfin, tout cela, c'est de la théorie, car, vu le ménage agité que forment ces deux-là, Angela Merkel doit bien regretter la coalition pépère qu’elle dirigeait auparavant avec ses collègues rivaux sociaux-démocrates. Ils s’entendaient bien, en somme, et cela permettait par la même occasion à chacun d'entre eux de faire des compromis sur des sujets sensibles et - surtout à Mme Merkel - de prendre ses distances avec son parti respectif. On a même vu au niveau local des coalitions entre les Verts et les conservateurs. Rien n’est tabou en Allemagne, au niveau des coalitions, si ce n’est le spectre d’une coalition entre la SPD et les membres du parti « die Linken », qui regroupent tout aussi bien des gauchistes que d’anciens dirigeants de la RDA. Sur ce point, les Allemands, déjà traumatisés par la séparation historique des deux Allemagne, ne peuvent se faire à cette idée. Cela leur fait peur. Pour le reste, le concept de coalition est vécu de manière pragmatique à tous les niveaux de la gestion politique du pays.
Et voici qu’en Grande-Bretagne, peu coutumière de cette pratique, les électeurs ont décidé malgré eux de provoquer la coalition redoutée de tous, avec un parlement dit "suspendu" (hung parliament) . Au départ, la coalition entre les conservateurs - Tories - et les libéraux démocrates - Lib-Dem - semble relever d'une alliance contre nature, compte tenu du fait que les libéraux démocrates sont en principe assez proches des travaillistes - Labour - de Gordon Brown. Mais ne ne faudrait-il pas y voir, au bout du compte, un bien pour l’avenir politique du pays, voire même un atout inespéré pour le nouveau premier ministre conservateur David Cameron, en cela que sa coalition avec les libéraux démocrates pourrait lui apparaître comme un événement libérateur qui lui permettrait de secouer enfin le cocotier conservateur...
Ah, ces jeunes...aucun respect des traditions ?
Tiens, au fait, en France ? Qu'en est-il des coalitions ?
Ah, oui, j'avais oublié, nous ne ne connaissons pas la coalition entre les partis, chez nous, le président de la République et son gouvernement, quand ils ne sont pas du même bord politique, se contentent de "cohabiter"...
Nuance.
Vous me direz, pour pouvoir coaliser, il faut d'abord savoir cohabiter. Le reste, bien sûr, n'est que chansons...
La suite prochainement.
