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10 mars 2009 2 10 /03 /mars /2009 14:32

                                         Objectifs différents...

La peinture animalière est différente du dessin animalier d’identification.
Elle a précédé tout art pictural connu. Des parois des grottes à nos jours, la précision naturaliste des représentations est frappante, à condition que les animaux ne soient pas le sujet principal de l’œuvre.

Ce détail (1) du Christ au Mont des Oliviers du XIV ème siècle montre un chardonneret élégant, un bouvreuil pivoine et une huppe fasciée, aisément reconnaissables ; normal : ils ne sont là que pour la décoration, comme dans les tombeaux égyptiens.
Au contraire, ce pélican blanc (2) tiré du Bestiaire Ashmole de 1511, est idéalisé. C’est que, comme toute figure centrale, il cristallise la vision que l’artiste veut exprimer dans son travail et les codes de représentation de sa société.
Ici, l’oiseau n’a d’intérêt que pour l’exemplarité de son comportement, qui nous enseigne les voies du Seigneur : il se sacrifie pour nourrir ses enfants, privilégiant sa famille (3).
L’enlumineur n’a cure de son aspect réel ; aurait-il vu un pélécanidé qu’il l’aurait quand même traité dans le style gothique du moment...

Avec le recul de la religion, les Lumières et la Révolution, on cherchera à décrire le monde sans y voir obligatoirement les desseins du Créateur. Cela peut donner des résultats comiques.
Ce grèbe à bec bigarré (4) nous montre son pied lobé si caractéristique, dans une position peu naturelle.
On distingue chez ce ridicule émeu d’Australie (5) les moignons d’ailes cachés sous des plumes étonnantes, à l’hyporachis aussi développé que le rachis, détaillées sur la gauche.
Car le dessin dit plus que les apparences (la photo d’aujourd’hui) : il est indépendant des aléas du clair-obscur, du flou, des individus peu emblématiques de l’espèce considérée, des parties cachées ou des couleurs changeantes (mais pas des maladresses des auteurs).
Nos guides de terrain utilisent ces qualités qui doivent permettre à l’observateur de comparer, dans les mêmes conditions, les formes, tailles (grâce à l’échelle relative des dessins dans la planche), couleurs et maints détails de chaque espèce présente dans le pays ou le milieu étudiés.
Quand on sait que le Pérou compte près de 1800 oiseaux différents ou la Colombie 1700, on comprend que dans une des pages consacrées aux tyrants (6), on frise la surcharge, et le désastre si le dessinateur n’est pas bon (ce n’est pas le cas ici...) ; pareil dans une monographie.

Pas possible de se permettre des erreurs comme celles que nous pointerons la prochaine fois.


                                                      Le nain paléoiconornithophile.


(1) Maître de Vyssi Brod, Galerie nationale de Prague.
(2) Fac simile de 1988 aux éditions Philippe Lebaud.
(3) Saura-t’on jamais quels symboles figuraient les chevaux ou les bisons aux corps hypertrophiés des grottes d’Europe occidentale ?
(4) Mark Catesby, milieu du XVIII ème, dans  Peintres et illustrateurs d’oiseaux, 1991, Abbeville Press.
(5) Georges Raper, 1791, dans Les oiseaux, 2004, Mengès.
(6) Guy Tudor dans Birds of Colombia, 1986, Princeton.

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