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14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 14:48
Dans la période de crise que nous vivons actuellement, tous les "experts" de l'économie et de la finance se précipitent pour nous expliquer frénétiquement pourquoi et comment nous en sommes arrivés là et quelles conséquences il nous faut  ou - pour les plus frileux - il faudrait en tirer. En effet, l'expérience récente nous a appris à nos dépens qu'un expert peut se révéler être un sage devant une boule de cristal. Un tel désastre économique, financier et au final, social, est manifestement une aubaine pour ces experts en tous genres. Cela dit, tous ne nous assènent pas des discours dérisoires, mais en fin de compte, pour le commun des Nains/Naines que nous sommes, une question ne tarde pas à nous tarauder : dans cette triste affaire, les mots ont-ils encore un sens ? Et si oui, que signifient ces mots nouveaux, dont la plupart ont fraîchement débarqué pour notre malheur dans notre vocabulaire de profanes, ces mots dont nous n'avions souvent aucune idée de leur existence, il y a seulement quelques mois ?

Dans un article paru dans l'édition no. 12 - mars 2009 - du magazine allemand
Die Zeit et intitulé Das Alphabet der Krise (L'alphabet de la crise), l'écrivain allemand Hans Magnus Enzensberger* nous montre que ces mots de la crise, qui eux-mêmes en égrènent les maux multiples, ont bien un sens, et qu'ils sont aussi brutaux que leur tonalité - que ce soit en allemand - dans le texte - ou ici dans leur traduction fran
çaise.

Ainsi, comme nous le dit Hans Magnus Enzensberger comme mise en garde, "l'économie produit son propre vocabulaire dont la brutale lisibilité qu'il affiche était jusqu'ici inhabituelle dans la branche financière."

Notre écrivain décapant continue  par une liste de ces mots à proprement parler "aberrants" et nous livre pour chacun son explication personnelle.

J'en citerai quelques-uns qui nous menacent d'overdose.


Ainsi, pour définir la prime à la casse (die Abwrackprämie), il nous dit qu'il s'agit d'une récompense pour la destruction d'objets de consommation, que la prime versée à son bénéficiaire n'est autre que celle qu'il avait versée lui-même en tant que contribuable. Que la prime à la casse s'applique également aux banques insolvables qui, elles-aussi, partent à la casse, mais que dans ce cas, la prime est attribuée en tant que bonus aux managers qui ont pourvu à la faillite.

Pour ce qui est des désormais célèbres Bad Banks, terme passé entre-temps dans la langue courante de tous les pays, Enzensberger parle dans leur cas d'un "néologisme qui rappelle la tirade sur les moutons noirs et qui ne laisse pas entrevoir s'il existe aussi des banques au sein desquelles prospère le Bien."

Si vous cherchez encore un conseiller (der Berater), sachez, selon l'écrivain, que vous aurez affaire à "un employé de banque qui avance tout autant dans le brouillard que ses clients, mais qui, lui au moins, tant que le chiffre d'affaires est au beau-fixe, gagne de l'argent avec, au lieu d'en faire les frais."

Quant au fameux paquet (das Paket), rendu célèbre en France par le fameux "paquet fiscal" instauré par notre président, il s'agit d'une marchandise encombrante qui, tel Noël qui sonne à la porte, est apportée bien ficelée et acheminée partout.

Le mot produit (das Produkt), somme toute un mot banal, est souvent associé dans le contexte économique à l'adjectif "innovant", le ramenant ainsi à n'être qu'un "produit imaginaire de toute branche qui est fière de ne rien produire."

Lorsque Enzensberger s'attaque au concept grandiose d'économie réelle, appelée souvent aussi "Realéconomie" (die Realwirtschaft), il nous apprend avec férocité que l'on parle d'une "économie réelle" ou d'une "Realéconomie" pour la distinguer de son contraire, à savoir une économie [Ökonomie], qui s'occupe avant tout de fictions."

Et que dire du management du risque (das Risikomanagement),  sinon qu'"il sert, non à limiter les effets collatéraux, mais à les augmenter. Aucun mode d'emploi n'est prévu. Médecins ou pharmaciens ne font pas partie du personnel."

Et nous voilà arrivés sans crier gare à un terme qui déclenche d'habitude la polémique partout, en France comme ailleurs. Il s'agit de  l'étatisation (die Verstaatlichung). Que nous dit Enzensberger, sinon que l'étatisation est cet "idéal des partis communistes que les grandes banques supplient d'obtenir à leur profit."

Dans ce monde cruel de la finance où tout s'en va à vau-l'eau, que reste-t-il de ce noble sentiment sur lequel reposait jusqu'ici notre système économique et financier? Je veux parler de la confiance, évidemment. Eh bien, nous apprenons brutalement que nous nous sommes fait berner. En effet, selon Enzensberger, la confiance (das Vertrauen), dans ce monde de brutes, ce n'est qu'un "sentiment dont on s'arrache les faveurs, parce qu'une autre sensation, la méfiance (das Mißtrauen), s'est avérée profitable."

Et comme tout finit toujours par des questions, il n'en reste qu'une, toujours la même :
"étonnant, non ?"**

* Cliquer sur le nom de Hans Magnus Enzensberger pour lire l'interview paru dans "l'Orient littéraire" du journal en langue française L'Orient Le Jour
**Citation empruntée à
Pierre Desproges

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 12:30
À l'occasion de l'examen du projet de loi pénitentiaire au Sénat, Robert Badinter  (1) est venu exprimer quelques réflexions sur le sujet lors d'un entretien accordé à France Inter (2), le 3 mars 2009.

Au début de son entretien sur France Inter, Robert Badinter a tenu à rappeler d'emblée une déclaration de principes. Il s'agit de trois principes connus :
 
1) l'État de droit ne s'arrête pas à la porte des prisons
2) le détenu est un homme et un citoyen sous réserve des droits qui lui ont été retirés par la justice (aller et venir notamment)
3) l'insertion/la réinsertion est un impératif de valeur constitutionnelle.

Nous verrons au fil de l'article que ces principes sont loin d'être évidents pour tout le monde.

Quand on parle du problème pénitentiaire, on est toujours - et légitimement - ramené à la discussion sur le problème des victimes : les droits des victimes opposés aux droits des détenus. Il semble donc légime d'aborder d'emblée cette problématique, que Badinter a évoquée lui-même dans son entretien.

Robert Badinter distingue à juste titre le droit des victimes à être considérées en tant que telles et l'exécution, l'application des peines infligées aux détenus dont elles ont été victimes.

Est-il utile de rappeler que, lorsqu'on parle du problème pénitentiaire, on parle de l'exécution de la peine et des conditions de cette application de la peine : il ne s'agit donc pas de refaire le procès.

En ce qui concerne le droit des victimes, Badinter a souligné qu'en tant que Garde des Sceaux, il a fait progresser les droits des victimes au plus haut niveau de l'Europe. Et qu'il s'agit de continuer.

Revenant à la thèse défendue par le gouvernement actuel, selon laquelle le droit des victimes prévaudrait/passerait avant le droit des détenus/condamnés, il a bien sûr dit "oui au droit des victimes", a ajouté que le fait que la victime qui souffre ressente psychologiquement l'idée de la remise en liberté de celui dont elle a été la victime est concevable, mais qu'en matière d'exécution des peines, il faut prendre garde à ne pas soumettre le droit des détenus à l'autorisation des victimes, car ce serait "privatiser" la justice qui deviendrait de ce fait l'exercice d'une vengeance privée. Il estime ainsi qu'on ne peut pas revenir en arrière au nom de la psychologie des victimes.

La question de la médiation pénale entre les victimes et les condamnés, comme cela se fait en Belgique, est selon Badinter, une voie à suivre.

D'ailleurs, à propos des victimes, il me semble qu'un élargissement de la pensée s'impose : que pense-t-on de l'accroissement du pouvoir politique sur la justice avec la suppression du juge d'instruction et du fait que, par conséquent, les enquêtes seront confiées au parquet dépendant lui-même du pouvoir ? N'y aura-t-il pas des victimes qui ne seront pas politiquement correctes ?...

Au sujet du bracelet électronique comme alternative à la prison, Badinter pense que le bracelet électronique mobile est un bien pour les courtes peines. Pour les peines de longue durée, les effets, psychologiques et autres, ne sont pas encore connus. Pour les courtes peines, c'est une alternative bienvenue à l'incarcération. Notamment du point de vue de la surpopulation carcérale, qui fait que les prisons ne sont pas la solution, mais deviennent le problème.

Quant à la construction des prisons, Badinter dit qu'il faut en construire et en rénover, certes, mais ne pas accroître à l'infini le nombre des prisons, sinon, il s'agirait d'une fuite vers le "toujours plus".  En somme, cela me fait penser que l'on reviendrait alors à l'adaptation d'un schéma en vogue : "Construire plus pour emprisonner plus" !?

Loin de l'image carcérale représentant des détenus comme des durs du style Mesrine, la réalité des prisons, selon Badinter, est la suivante :
c'est un nombre effrayant de détenus dont 25% sont en proie à des troubles psychologiques graves, 13% d'illettrés ou quasi illettrés. Elle n'est pas composée uniquement de personnes de type "Mesrine", ces détenus ne constituant qu'un noyau dur, mais de 60% de gens sans emploi  ou sans perspective d'emploi, de 20% d'étrangers, bref il s'agit d'une population marginale.

Les prisons actuelles, avec leur surpopulation, entraînent la promiscuité, la dégradation et la perte de dignité. Elles ne sont en mesure ni de rendre "meilleurs" ses détenus, ni de préparer leur réinsertion, faute de moyens et de volonté politique, au contraire.

Humaniser les prisons suppose par conséquent que l'on considère les prisonniers comme des humains, c'est une question de dignité. Et au-delà, un impératif de santé publique, il me semble. À ce propos, qui nous a bassinés pendant des mois avec sa vaseuse "politique de civilisation" ?

Mais  voilà : Badinter concède qu'il existe une loi d'airain, un mythe qui veut qu'à chaque progrès, comme l'installation des télés dans les prisons, par exemple, cela a provoqué un tollé général dans la population, car dans une démocratie, dit-il, on ne peut pas faire progresser les conditions à l'intérieur des prisons au-dessus de celles des travailleurs les plus défavorisés.
Badinter s'avoue pessimiste, car il estime probable que dans la situation de crise que nous vivons actuellement, cette situation perdurera et les prisons seront les dernières servies.

Badinter ajoute que la gauche n'a pas fait en son temps tout ce qu'elle aurait pu faire dans l'affectation des ressources et des priorités sociales. Sous Badinter, la gauche faisait une politique de non communication, nous dit-il, tant ce qui se faisait était ressenti par l'opinion publique comme favorable aux criminels.

Un auditeur de France Inter a demandé à l'ancien Garde des Sceaux, qui a mené en son temps le combat majeur pour l'abolition de la peine de mort,  quels sont à son avis les grands combats d'ajourd'hui pour la justice?  À quoi Badinter a répondu que, dans le domaine judiciaire, il considère la question carcérale comme une question majeure.

Et au final, on comprend le pessimisme de Robert Badinter dans le contexte de l'examen du projet pénitentiaire actuel :
ce qui était posé comme une déclaration de principes en préambule de la discussion s'avère être elle-même l'objet du combat à mener pour les années à venir, car ces principes de base que Badinter a posés en amorce de la discussion ne sont pas évidents pour la société ni acceptés par elle,
sensible aux appels de sirènes du gouvernement selon lequel le droit des victimes est supérieur à celui des détenus et, de ce fait, implique que le droit des victimes serait galvaudé au profit du droit des détenus, conformément à un mélange des genres - confusion entre la réparation à laquelle la victime a droit et les conditions de l'exécution de la peine que doit purger le détenu.
 
Nous voyons bien que les principes posés par Robert Badinter (État de droit dans les prisons, humanisation des prisons, impératif de réinsertion dans la société) ne font pas l'unanimité.

Nénamoins, il semble que l'acceptation et le respect de ces trois principes par notre société constituent le défi majeur en matière carcérale.

J'ai souhaité ici rendre hommage à l'action d'un homme pour lequel, dans la défense de ses convictions et la manière de les défendre, la forme rend compte du fond : je l'ai déjà mentionné dans l'article précédent : loin de prendre les gens à témoins et de parler à leurs "tripes", Badinter choisit de formuler des convictions - dont sa carrière passée prouve bien combien elles sont fortes - dans un langage de raison, de tolérance et de respect - envers les deux côtés de la barre. Et c'est à ce titre que son discours est respectablement humain. Il s'adresse à l'intelligence des hommes, non à leurs pulsions de mort. Si tant est que le fumeux concept de "politique de civilisation" ait un sens, c'est à mon avis par la reconnaissance des principes évoqués dans son entretien par Badinter et la volonté - qui serait carrément  "révolutionnaire"  - de se donner les moyens de les appliquer que cette politique prendra un sens et qu'elle nous évitera à la France, et ce n'est pas la moindre des choses, de se faire épingler régulièrement par Bruxelles pour atteinte aux droits de l'homme - ce qui, cyniquement parlant - coûte au moins tout autant en amendes que l'argent qu'on pourrait investir dans la rénovation des prisons - sans parler de l'élaboration de nouveaux concepts sur la question pénitentiaire....

Toute répression passe d'abord par la prévention : on peut lire cela même dans les rapports publiés par la police...dans les pays nordiques, tels que l'Allemagne...

Références :
*Allusion à Sigmund Freud et son livre : "Das Unbehagen in der Kultur" (Le malaise dans la civilisation)
(1) http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septdix/index.php?id=77114 (vidéo disponible uniquement pendant 7 jours sur le site de France Inter)

(2) http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septdix/archives.php



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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 11:21
À un moment où l'actualité cinématographique fait un gros plan sur le film "Mesrine", portrait d'un de ces hors-la-loi qui fascinent l'opinion publique et font les choux gras des médias, l'ancien Garde des Sceaux Robert Badinter (1), celui-là même qui a fait abolir la peine de mort (30 septembre  1981), est venu nous rappeler lors d'un entretien accordé récemment à France Inter (2) à l'occasion de l'examen du projet de loi pénitentiaire, la triste réalité des conditions de vie dans les prisons surpeuplées, réalité certes moins médiatique, si ce n'est lorsqu'il s'agit de comptabiliser le nombre de suicides dans les prisons depuis le début de l'année -13 suicides entre le premier et le 14 janvier 2009 et l'année ne fait que commencer !

Et ce n'est pas notre -encore- Garde des Sceaux qui se montre disposée à désamorcer cette bombe, si l'on considère les discours d'appel à l'émotion immédiate qu'elle a toujours affectionnés sur les droits des victimes uniquement. Bref, le genre de discours qui plaît aux gens, en général, et c'est fait pour cela, car les gens, en général, c'est bien connu, n'ont rien à se reprocher. L'important étant d'être du bon côté : celui de la "généralisation"... Demandez aux "cas particuliers" de l'affaire d'Outreau, par exemple.

Bien sûr, me direz-vous, dans le cas des bavures judiciaires, l'affaire est particulièrement affreuse, mais posons-nous la question : coupable ou pas coupable, la prison, c'est fait pourquoi ? Pour punir ? Seulement pour punir ? Et Punir, cela consiste-t-il uniquement à leur en faire baver ? si cela marche... ? C'est cela le but ?
À la fin de l'exécution de leur peine, les détenus ressortent, et ce qui est malheureux, c'est ce qui s'est passé entre-temps (promiscuité, viols et j'en passe...), c'est l'état dans lequel ils ressortent, parce qu'on n'a pas pensé à faire en sorte qu'ils puissent être réinsérés.
La réinsertion, c'est le fait d'une volonté politique et cela coûte ! Alors, en temps de crise en plus...

J'ai écouté Robert Badinter exprimer clairement, sans emphase - et sans utiliser le filon habituel de l'appel à l'émotionnel et à l'indignation spontanée dans un sens ou dans l'autre -, l'enjeu que représente pour notre société présente et future la question carcérale en France et quelle bombe à retardement se niche tout autant dans la déshumanisation que dans l'inhumanité qui caractérisent les conditions de détention dans les prisons surpeuplées, qui ne sont que le corollaire du tout répressif prôné par la Garde des Sceaux actuelle. Mettez-les en prison, Dieu (ou le diable) reconnaîtra les siens...
Agressions, viols, suicides, en partie en raison de la surpopulation. Politique de civilisation, qu'ils disent.....

En définitive, vu les conditions carcérales actuelles, la prison telle qu'elle est n'est pas la réponse, mais bien souvent le problème.

Nous ne sommes pas dans une société idéale, il y a des priorités, dira-t-on?  Mais sans vouloir faire preuve de naïveté , on est en droit de se demander où est passée la fameuse "politique de civilisation" que notre président a martelée à nos oreilles pendant des mois?
Loin de nous adonner ici à une philanthropie béate, une constatation s'impose à nous, de toute évidence :
De deux choses l'une : ou il y a ceux qui regrettent la peine de mort et pour ceux-là, à quoi bon s'occuper des détenus ? Ou il y a ceux qui pensent que la prison est là pour permettre la réintégration future dans la socité et là, on se heurte au problème des moyens, financiers notamment.

Entre les deux, il y a ceux qui s'en moquent selon la théorie du "cela n'arrive qu'aux autres" - voire...



La suite au prochain épisode..... avec le compte-rendu de l'entretien accordé par Robert Badinter à France Inter (1).

Références:
* Allusion à Sigmund Freud et son livre : "Das Unbehagen in der Kultur" (Le malaise dans la civilisation")
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septdix/index.php?id=77114 (vidéo disponible uniquement 7 jours sur le site de France Inter)
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septdix/archives.php

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 16:55
Pour montrer qu'il n'y a pas que le Français moyen qui peut penser du mal des banquiers, mais aussi des politiciens qui ont été au pouvoir pendant longtemps, il y a déjà ... fort longtemps (on peut se demander pourquoi ils n'ont alors rien fait contre les paradis fiscaux...), je citerai ici l'ancien Chancelier de la République fédérale d'Allemagne, Helmut Schmidt (90 ans cette année), qui, dans son entretien hebdomadaire dans le ZEIT-MAGAZIN no. 44 du 23 octobre 2008, répondait ainsi à la question d'un journaliste concernant son opinion sur les banquiers* :

"Pour ma part, je divise l'humanité en trois catégories : la première catégorie comprend les gens normaux comme vous et moi, qui, une fois ou l'autre, dans leur jeunesse,ont dérobé une pomme ou enfoui dans leur poche une barre de chocolat dans un supermarché, mais qui, sinon, ne se sont pas rendus coupables de grand-chose. La deuxième catégorie de personnes possède une petite fibre criminelle. Et quant à la troisième catégorie, elle se compose de banquiers d'affaires, qui sont à ce jour, pour une grande partie d'entre eux, des malfaiteurs agissant en toute légalité."

Toutes ces années au pouvoir, et c'est maintenant qu'il nous le dit ?...
Dis, Helmut, on sait que tu es connu pour ton humour pince-sans-rire, mais là ...


*traduction de l'allemand
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27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 18:08

27 novembre, bientôt le 30...

10 décembre 2008, 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme...

(je suis un peu en avance, mais il faudra peut-être du temps pour s'y préparer).

Et voilà, cela va sans le dire....

 

Re-lecture, bilans... et constats...

et vice versa.....

 

http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm

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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 01:10
Quelqu'un aurait demandé un jour au Mahâtma Ghandi:
 "Que pensez-vous de la civilisation?"
Il aurait répondu: "Ce serait bien."
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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 18:03





Si vous vous demandez jusqu'où peut aller se fourrer le crack boursier par ces temps globalement incertains, je peux vous en donner un exemple assourdissant (au moins comme l'était la guitare du bassiste des Who (1) "Thunderfingers" John Entwistle, dont la mort (snif) a d'ailleurs été provoquée plus ou moins directement par une quantité indéfinie de cocaïne).



En effet, la crise financière, plus communément appelée crack boursier, peut avoir des effets imprévus sur la vie quotidienne d'un obscur amateur de Rock & Roll, et des Who (2)* en particulier.

Ne voyant jamais venir le poster des Who (3) que j'avais commandé quelques semaines plus tôt dans un magasin branché (très beau poster, en noir et blanc, avec Pete Townshend  (4) exécutant un saut -très- périlleux, guitare en main), je me suis rendue au magasin, convaincue qu'on avait simplement oublié de me prévenir que le poster était arrivé. Le vendeur m'a alors expliqué d'un air embarrassé que le poster n'avait pas pu être livré car il était devenu "indisponible en raison de ... LA CRISE FINANCIÈRE !"

Devant ma mine ahurie (j'exagère à peine), le vendeur a ajouté que la plupart des posters viennent des USA.

Ah, bon, tout s'explique, alors !

Si même les usines de fabrication de posters sont acculées à la faillite, maintenant!...

Le vendeur s'est montré très pessimiste quant à l'´éventualité d'une livraison de mon  poster dans un avenir proche. Il m'a même laissé entendre que je pouvais en faire mon deuil.

Dorénavant, une question me brûle la langue :(5)  Who's Next **?

Mais si, mais si, la finance, cela peut aussi finir par des chansons, mais plutôt du style  : "Crack boum hue!"***


* (Groupe mythique de Rock des années 60 et 70- évolue encore, au sens propre comme au figuré)
**(Titre d'un album des Who (6))
*** (Célèbre chanson de Jacques Dutronc)

Attention : Vidéos cachées ! Cliquer pour voir :

(1) Baba O' Riley (du film The Kids are Alright)
(2) Won't get fooled again (du film The Kids Are Alright)
(3) (Who Are You ? (du film The Kids are Alright)
(4) Baba O' Riley (Lifehouse - Townshend et  Orchestre)
(5) Real Good Looking Boy (clip montage très bien fait sur Youtube)
(6) Page Who's Next (site officiel http://www.Who.com)

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 19:00
POur nous convaincre que

nous avons besoin d’une quelconque laïcité « positive » et non de LA laïcité qui a l’audace de se proclamer sans attributs  (« madame, cachez cette laïcité que je ne saurais voir !»),

que l’accélérateur de hadrons (LHC) 5) est une atteinte à Dieu et que Dieu va se venger en nous envoyant tous dans le trou noir (comme si on n’y allait pas tous de toutes manières un jour, avec ou sans Dieu),

il ne fallait pas moins qu’une visite d’un pape chez la « fille aînée de l’Église » et de tout le battage médiatique qui l’a précédée pour nous faire croire que ce pape est un grand parmi les grands théologiens, parce que justement, sinon, on s’en ficherait éperdument. Mais la grandeur, c’est tellement impalpable qu’il suffit d’y croire. Surtout si ce sont les médias en quête de tirage et de caresses politiques qui le disent.

 

Ce pape, qu’on nous présente comme un grand penseur, profond etc… a fait un tabac paraît-il lors de sa venue en France. Voici même les agnostiques ou athées proclamés qui serrent les genoux devant l’autel et croisent les mains. Tous venus rendre hommage à ce pape insondable qu’on nous dit discret, sans fanfare, effarouché par les médias. Euh… c’est bien ce culte de la profondeur théologique propagé à grands coups d’émissions médiatiques qui fait son effet sur les foules. Le procédé est toujours le même : que l’on vante le côté extraverti du  pape-people précédent ou la prétendue profondeur théologique de celui-ci, il s’agit d’abord de mobiliser les foules devant un événement médiatique :

d’une part  l’accélérateur de hadrons mis en route dans le but de percer les secrets de la matière et de l’univers, et de l’autre la venue du pape en France.

Et on ressort les vieilles peurs millénaristes, avec certains physiciens qui craindraient qu’il provoque (l’accélérateur, pas le pape, quoique…) la création de trous noirs pouvant avaler la Terre".

 

 Le discours du Latran  de notre président de la République avait déjà mis le feu aux poudres avec le concept fumeux de « laïcité positive » et voici maintenant la venue de ce pape qui remet ce concept au centre du débat.

 

Si le pape est têtu, le président, de son côté, n’a pas désarmé, il veut communautariser notre société française, y trouvant le meilleur moyen de la noyauter, de la fragmenter pour la dominer. Une société fragmentée, antagoniste, avec des gens qui ne sont plus des citoyens déclarés égaux entre eux, mais bien rivaux entre eux dans la lutte pour la mainmise des missionnaires religieux sur la société, c’est cet avenir qu’il nous prépare, celle de la reprise du pouvoir par les églises dans la société et ses institutions et les luttes fratricides qui en découlent inexorablement.

 

Il serait temps que l’on mette les yeux en face des trous (noirs ou autres) : Dieu et les religions, ne sont pas  l’enjeu du 21e siècle, contrairement à ce qu’il est commode de nous faire croire pour mieux nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Dieu, est et doit rester une affaire privée, la religion aussi. L’enjeu de ce début du 21e siècle est bien celui de la laïcité, en France, comme ailleurs, où il reste un concept à inventer. Quand le monde aura suffisamment souffert des luttes fratricides au nom des religions, ce concept-là sera redécouvert ou réinventé. Loin d’être une menace pour les religions, la laïcité constitue principalement un obstacle au pouvoir temporel des églises et c’est pourquoi ce sont ces églises et les niches qu’elles cherchent à creuser dans nos institutions qui menacent au contraire notre République dans son plus fort soutien, la laïcité. S’il est une entreprise funeste qui se profile dans le pacte scellé entre ce pape et notre président, c’est bien de vouloir, sans en évaluer nettement les risques et dans un but essentiellement politique, étatiser la gestion des religions, des églises – surtout de l’église catholique -  et de Dieu et de détruire en même-temps les fonctionnements de la République. Dès qu’une église telle l’église catholique aura droit de regard – et de veto - dans un système – du type système scolaire, elle aura repris du pouvoir sur et dans les institutions. Et dès lors, que ferons-nous avec les autres églises ? Car dans les discours du président, il est surtout question de l’église catholique plus que de la chrétienté, laissant de côté ainsi les protestants par exemple. Et les musulmans ? Comment alors pourra-t-on leur refuser le port du voile dans les écoles ?


S’il y a une seule chose qui, dans toute cette entreprise de « laïcité positive », indépendamment de l’enjeu de politique interne au pays qui y est attachée, motive ce président, j’y verrais pour ma part peut-être le fantasme puéril d’un enfant gâté de la politique d’assimiler sa « vocation » égoïstement politique à la vocation du moine qui se sacrifie sur l’autel de Dieu. Ce parallèle a bel et bien été fait dans son discours du Latran. Et personne ne s’en est ému. Il fallait pourtant oser… un extrait :


« Sachez que nous avons au moins une chose en commun : c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié, on l’est dans toutes les dimensions de sa vie. Croyez bien qu’on n’est pas non plus président de la République à moitié. Je comprends que vous vous soyez sentis appelés par une force irrépressible qui venait de l’intérieur, parce que moi-même je ne me suis jamais assis pour me demander si j’allais faire ce que j’ai fait, je l’ai fait. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même je sais ceux que j’ai faits pour réaliser la mienne. »


Sans rire. Moine-président.


La suivante, celle du moine-instituteur, tout le monde l’a lue quelque-part, même si elle fait un peu mal aux entournures :


« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »


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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 22:00

Devant la deuxième attaque de « laïcité positive » en six mois, je me pose la question de savoir si l’épidémie sera mauvaise.

Je pense souvent à Desproges.  

Mon chéri

Mon amour

 

J’ai un problème avec certains  intellectuels. Surtout avec ceux qui ne le sont pas et prétendre l’être. J’ai un problème aussi avec certains politiciens ou chefs d’État. Surtout avec ceux qui prétendent être autre chose que ce qu’ils sont : de simples politiciens. Et je reste sceptique devant un pape qui fait semblant de ne s’intéresser qu’aux concepts théologiques mais qui profite de sa venue en France pour nous expliquer que la laïcité dans notre pays n’est pas positive puisqu’elle ne favorise pas les religions et par conséquent, la sienne.

Visiblement, un petit cours de rattrapage sur le sens de la laïcité lui ferait le plus grand bien 2). Pour un pape « intello », cela la fiche mal…

 

La laïcité est régulièrement présentée par notre président de la République française comme une erreur d’appréciation des modes de fonctionnement de notre société, qui  minerait cette dernière de l’intérieur. La laïcité est ainsi présentée partout, et notamment à l’étranger (où on a déjà du mal à comprendre ce concept) comme une laïcité « négative » dans son concept. Quand on oppose en effet au concept lui-même de laïcité le concept de laïcité « positive », on implique implicitement qu’en soi, la laïcité n’aurait, dans son application, que des effets négatifs. Oubliant ou feignant d’ignorer que le concept de laïcité repose sur le deuxième principe de la devise républicaine : Liberté Égalité Fraternité, la laïcité comme garant de l’égalité des citoyens dans la République, de quelque horizon ethnique et religieux qu’ils viennent.

 

Un rappel du rôle de la laïcité :

 

La laïcité vise à la neutralité entre les différentes conceptions religieuses et philosophiques, notamment au sein de l'école.
Plus généralement et au niveau institutionnel, le concept de laïcité désigne la séparation entre ce qui relève du politique et ce qui relève du religieux , conformément à la loi de 1905 en France sur la séparation des églises et de l'État.

 

Voici quelques extraits de la loi de 1905 :

 

Article 1

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

Article 26

Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice d'un culte.

Et au cas où on dirait que la loi sur la laïcité est le fait des seuls anti-cléricaux (comme il arrive de le lire occasionnellement dans la presse) :

 

Article 31

Sont punis de la peine d'amende prévue pour les contraventions de la 5ème classe et d'un emprisonnement de six jours à deux mois ou de l'une de ces deux peines seulement ceux qui, soit par voies de fait, violences ou menaces contre un individu, soit en lui faisant craindre de perdre son emploi ou d'exposer à un dommage sa personne, sa famille ou sa fortune, l'auront déterminé à exercer ou à s'abstenir d'exercer un culte, à faire partie ou à cesser de faire partie d'une association cultuelle, à contribuer ou à s'abstenir de contribuer aux frais d'un culte.

 

Le sens et, partant, le rôle de la laïcité est particulièrement bien résumé par Dominique Borne, Doyen honoraire de l’Inspection générale de l’Éducation nationale, et Président de l'Institut européen en Sciences des religions, dans Les valeurs de la République (Cahiers français n° 3364)) :


 

« La clef, le principe républicain par excellence, c’est l’opposition de la raison au dogme. La raison qui renvoie et l’égalité citoyenne –  être laïque c’est nécessairement penser que tout homme est raisonnable – et à la liberté des personnes, puisque la raison suppose naturellement la totale liberté de la pensée. C’est pour cela que la laïcité, qui ne peut être en aucun cas un principe dogmatique de la République, est avant tout une pratique, c’est pour cela aussi que le lieu d’élection de la laïcité est l’École. La laïcité peut alors être une éthique, mais une éthique de recherche et non d’affirmations closes. Être laïque, c’est préférer la recherche de la vérité, et donc la pratique du doute critique, à la vérité révélée. La laïcité ainsi comprise ne se réduit pas aux signes extérieurs du religieux, elle est méthode, elle est pédagogie. Elle refuse les absolus de la vérité, elle respecte les croyances mais apprend à distinguer le savoir et la croyance. Et si elle cherche à enseigner quelques cheminements vers une morale, c’est à l’apprentissage personnel et opiniâtre de la recherche du vrai qu’elle se consacre. »


 

Il n’y a par conséquent pas de meilleur rempart contre la prise du pouvoir par les intégristes de tous bords, car le système laïque refuse et empêche la prédominance d’une église sur une autre. Il protège le citoyen de l’ingérence des églises dans la vie publique. Critiquer la laïcité revient à critiquer le système républicain. Et cela par celui qui est justement le garant, par mandat du peuple, des institutions républicaines. Un comble.

 

Et avec la venue du pape en France, on en a remis une couche.

A suivre! (le 01/10/2008)

 

 

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14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 16:44

Faut-il voir dans l’ostensible étalage de muscles et de bronzage que nos chefs d’État, Poutine et Sarkozy en tête, ont fait durant l’été 2007 devant des caméras complaisantes, un simple caprice anodin de nos « sur-hommes » soignant leur ego ? Peut-être, si la situation planétaire n´était si explosive. Mais quel but poursuivaient-ils donc par ces mises en scène ? La réponse nous a été en partie donnée depuis : avec les événements de Géorgie, Poutine a prouvé la force de son armée et le retour de la Russie comme acteur incontournable de la scène internationale, tandis que Sarkozy s’agite pour prendre la place de Tony Blair comme commis voyageur du grand frère américain et abriter La France sous son aile en rejoignant le commandement militaire de l’Otan. Mais pourquoi A. Merkel, réélue récemment la femme la plus puissante de la planète(1), ne semble-t-elle pas s’en émouvoir et se montre-t-elle même résolue à prendre le contre-pied de l’activisme ostentatoire de ses collègues hommes ? Les journaux allemands s’étaient penchés à l’époque sur le phénomène… avec des conclusions parfois surprenantes.

 

Sous le titre : « Les chefs d’État enlèvent le haut » suivi du sous-titre : « Barbotages politiciens : la testostérone en guise de carburant », le  magazine SPIEGEL illustre son article du 15 août 2007 notamment par des photos de Sarkozy et de Poutine montrant fièrement leur poitrine dénudée. Avec un humour décidément  perfide, l’hebdomadaire ne résiste pas au plaisir d’ajouter pour la comparaison, la photo de Daniel Craig en James Bond sortant des eaux. Histoire de rendre à César…..

 

Presque tous les journaux français et allemands on réservé à cet épisode politico-médiatico-machiste un article soit amusé, soit complaisant, parfois bref et anodin. Cependant certains journalistes, comme Andrea Böhm dans l’hebdomadaire DIE ZEIT(2), se sont livrés à une analyse approfondie de ce phénomène qui, selon l’auteur, dépasse le domaine de la politique-people. Ces journaux mettent en parallèle les démonstrations de force de certains de nos politiciens et la tension du climat politique dans le monde. « Avec Poutine et Sarkozy, la testostérone resurgit comme carburant dans la machinerie politique » constate pour sa part le SPIEGEL(3).

Dans son article intitulé « On est de vrais durs ! (2)», Andrea Böhm, dans DIE ZEIT, y voit « une symbolique politique, et dans ces temps où la politique tient de plus en plus de la performance, les présidents aussi doivent se découvrir – au sens propre comme au sens figuré ». En lisant ces remarques, comment s’empêcher de penser également à tous ces joggings quotidiens pratiqués devant (pour ?) les caméras. L’auteur va même plus loin en y décelant une réaction aux événements traumatisants subis par les Etats-Unis (11 septembre 2001) et par la Russie (perte de son rôle de superpuissance) et vécus par ces pays comme autant d’humiliations.

« Une attitude de militantisme adolescent érigé en style politique » cache en réalité, selon la journaliste, un manque d’assurance et de conscience de soi enfoui dans un « machisme théâtral ». Et nous voilà renvoyés aux gamineries de nos politiciens dénudés… La boucle est bouclée.

 

Ces mises en scène estivales ont fourni à la presse allemande une source d’inspiration formidable, d’autant plus que la Chancelière, Angela Merkel, ne l’a pas habituée à de telles méthodes de communication. Par conséquent, les journaux allemands se font un plaisir de décliner à foison la composante machiste du politicien en représentation permanente. Avec d’ailleurs, un sens de l’humour notable. Ainsi, dans l’hebdomadaire DIE ZEIT,  Andrea Böhm nous livre, photos à l’appui, un catalogue des différentes variantes du  politicien machiste ; dans l’ordre :

·        Le type « Dr. Folamour» : Mahmud A. (allusion au Docteur Folamour de Kubrick [Dr. Strangelove or : how I learn to stop worrying and love the bomb] – appelé tout simplement : Dr. Seltsam : “étrange” en allemand)

·        Le type “Rambo” : Wladimir P.

·        Le type « Latin lover » : Silvio B.

·        Le type « Beachboy » : Nicolas S.

·        Le type “Top Gun” : George B.

 

 

Et les femmes dans tout ça ? Existe-t-il une place pour les femmes au pouvoir dans l’esprit de nos « super-politiciens »?

 

Il semble, hélas, qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

 

En effet, Nicolas Sarkozy ne sous-estime-t-il pas la Chancelière allemande A. Merkel quand il déclare devant les caméras de France 2, le 20 septembre 2007, à propos du traité simplifié : « C’est la France qui a poussé cela, avec - d’ailleurs - le travail remarquable d’Angela Merkel » ? Voilà un petit mot – « d’ailleurs » – qui semble en dire long sur la place concédée dans son esprit, en Europe, à la Chancelière. Rappelons tout de même qu’Angela Merkel, qui se trouvait à la Présidence de l’Union européenne durant les six premiers mois de l’année, n’a pas chômé durant tout ce temps ni bien avant. Quant aux éloges faits sur le « travail remarquable » de Madame Merkel, ils s’ajoutaient étrangement à une longue liste de bons points distribués par M. Sarkozy à ses ministres subalternes, systématiquement félicités par leur chef avec le désormais sempiternel « travail remarquable »...

 

On a beaucoup parlé des signes d’agacement montrés par Berlin face à ce qui est interprété Outre-Rhin comme de l’arrogance. Il est vrai que les responsables politiques allemands, hommes et femmes confondus, ne se sont pas privés pour exprimer leur irritation. Quant à Angela Merkel, ce ne serait pas la première fois qu’elle se trouverait sous-estimée par ses collègues hommes. Avec les résultats que l’on sait : l’Allemagne possède, avec elle, la première Chancelière de son histoire…. Ses collaborateurs louent son sens de la répartie, comme le prouve l’anecdote suivante : « Lors de sa candidature à la Chancellerie, des journalistes lui ont demandé ce qui, sans elle, manquerait finalement à l’Allemagne. Réponse sèche de Merkel : « moi ». (4)

 

 

Dans ce même article, « Une femme à la Chancellerie » (4) , Tina Hildebrandt  analyse par ailleurs les raisons pour lesquelles les artistes de cabaret allemands se cassent les dents sur le phénomène Merkel.

 

Dans cet article, il est question du côté rassurant du « minimalisme  merkelien », du fait que, « chez Merkel, le rôle du conjoint est inexistant » et cela est qualifié dans l’article, d « extrêmement bienfaisant ». Et plus encore : Merkel s’ingénierait « à se rendre invisible, inattaquable et impossible à parodier. » « Ses vêtements lui servent à se voiler plus qu’à se mettre en valeur ». Toujours selon cet article, elle maîtrise l’art de « l’auto-ironie passive » et de la « répartie ». Et sa capacité à «juger les autres mieux que les autres ne savent la juger constitue une des raisons principales de sa carrière ».

 

Afin d’illustrer son raisonnement, l’auteur cite une pièce de théâtre de l’artiste de cabaret Rainer  Kröhnert.  Le metteur en scène y parodie Werner Herzog voulant tourner un film intitulé « Crash »,  dans lequel « des politiciens jouent des comédiens qui jouent des politiciens qui sont des comédiens ». Tous les hommes se bousculent pour y participer. Mais « une seule refuse : Merkel ». Et la journaliste termine son article en citant un artiste de cabaret célèbre : « Plus on y réfléchit, plus on arrive à la conclusion que […] l’endroit adéquat pour Merkel ne serait pas la Chancellerie, mais le Berliner Ensemble. Par exemple pour une pièce de théâtre dans laquelle des comédiens jouent des politiciens qui jouent des comédiens etc…. Mais alors, elle occuperait la place du metteur en scène. »

 

En effet, « les artistes de cabaret la considèrent comme une collègue en raison de la distance qu’elle prend par rapport aux événements ». Ainsi, ni les embrassades ostentatoires dont la gratifient (certains de) ses collègues hommes ni le recours à l’évocation péremptoire « de liens sacrés » entre la France et l’Allemagne ne sauraient lui jeter de la poudre aux yeux.

N. Sarkozy se fait-il d’ailleurs vraiment conseiller en matière de relations franco-allemandes ? Il aurait été judicieux, en effet, de prévenir le Chef de l’État que l’emploi de l’expression « liens sacrés », utilisée par N. Sarkozy lors de sa première visite officielle, le 16 mai 2007, à Berlin – peut s’avérer contre-productive et qu’elle est même susceptible de provoquer une réaction de rejet, tant elle est étrangère au vocabulaire et à la sensibilité des Allemands.

 

Toujours est-il que, si Angela Merkel s’affirme bien comme l’antithèse du machisme politique, Andrea Böhm(2) nous rappelle néanmoins que la politique machiste n’est pas forcément l’apanage des hommes. En effet, l’ère Thatcher a fait la démonstration brutale d’une « surcompensation féminine ». Et l’auteur de conclure en rappelant que, si  «l’Allemagne s’en sort naturellement bien avec Angela Merkel,  nous ne devons pas oublier que tourner en dérision l’allure martiale des Américains ou des Russes ne suffit pas en soi à garantir une politique (étrangère) raisonnable.( 2) » Et c’est en évoquant les pires ravages opérés autrefois en Allemagne par « une idéologie de la vexation nationale et de l’hyper-masculinité » qu’Andrea Böhm explique « pourquoi les poses martiales et machistes sont tant discréditées dans ce pays».

 

(1)   Selon Forbes

(2)   DIE ZEIT, édition du 23.08.07

(3)   DER SPIEGEL, édition du 15.08.07

(4)   LEBEN, supplément paru dans l’hebdomadaire DIE ZEIT (35/07)

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