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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 14:39

Françaises, Français, jeunes ou vieux, ici LONDRES !

 

La télé anglaise respecte ses vieux, la télé française les snobe.


 

Je m’explique :

 

Si vous voulez regarder des séries télévisées de grande qualité, qui plaisent autant aux personnes âgées qu’aux jeunes, tournez votre parabole vers le Nord. En effet, la télévision anglaise regorge de séries à faire pâlir nos programmateurs de la télé française.

 

Ce sont en règle générale des adaptations de grands romans anglais (Thomas Hardy, Jane Austen, Dickens, E. Gaskell etc.), d’une qualité remarquable. Et si l’on prend “Emma” de Jane Austen, par exemple, il en existe régulièrement de nouvelles adaptations, par la BBC ou par ITV, peu importe. La dernière en date, que j’ai vue sur la BBC, voici quelques semaines, était jusqu’ici, à mon avis, la meilleure.

 

Moi, qui reçois les programmes des télés française et anglaise, je peux me permettre une comparaison et elle est la suivante :  la télé française, dans sa programmation de séries et de films, ignore superbement les attentes des personnes âgées, et d’ailleurs pas seulement celles des personnes âgées, tandis que les télés anglaises, et notamment la BBC, sont passées maîtres non seulement dans l’art du documentaire, et mais également dans l’art des adaptations télévisées des romans de leurs meilleurs écrivains, de même que dans les séries qu’elles inventent elles-mêmes. Et ciblent carrément le public du troisième âge avec des séries de qualité dans lesquelles jouent les plus grands noms du théatre et du cinéma anglo-saxon.

 

Les personnes âgées qui vivent en Angleterre n’ont que l’embarras du choix : Cranford (d'Elisabeth Gaskell avec Judi Dench, Eileen Atkins et d'autres acteurs hors pair) : formidable, Little Dorrit (de Dickens avec Matthew McFadyen) : extraordinaire, rarement vu une adaptation aussi impressionnante (proprement dickensienne!) , Lark Rise to Candleford : j’ai moins aimé, trop sentimental à mon goût, mais c’est la série culte des plus de soixante ans en Angleterre, et moi-même je n’en ratais néanmoins aucun episode.

La liste est longue ...

 


 

Pendant ce temps, ma maman (comme tant d'autres dans son cas), qui, dans son grand âge, a eu un jour le privilège de regarder „Orgueil et préjugés“ (la série culte et pur chef d’oeuvre de la BBC**), continue tristement à tourner les pages du roman de Jane Austen, qu’elle s’est procuré ultérieurement, et à se repasser pour la nième fois le dvd de la série parce que depuis dix ans, les télés françaises n’ont pas été capables – ou n’ont pas jugé utile – d’acheter à la BBC les droits d’autres séries de ce genre et de les faire synchroniser en français. Pour moi, ce n’est pas un problème, je peux les regarder en VO, mais ma maman ? Elle fait comment ?  Des années durant, j’ai épié les offres d’adaptations des oeuvres de Jane Austen et d’autres auteurs (E. Gaskell notamment) en langue française, mais rien, rien, rien.

 

On peut m'objecter alors que rien n'empêche ma maman de s'acheter les dvds de ces séries en version fran çaise ! Ah oui, mais pour cela, il faudrait que les éditeurs francais aient acheté les droits et aient fait synchroniser ces séries. Et c'est là que le bât blesse.

 

Tandis que les éditeurs de dvd allemands, pour ne citer qu'eux, chouchoutent leur clientèle âgée en publiant régulièrement et consciencieusement toutes ces séries anglaises synchronisées en langue allemande, les éditeurs de dvds fran çais, eux aussi, ignorent les attentes du public âgé.

 

 

À ce jour, même le succès mémorable de la série Orgueil et Préjugés n'a pas convaincu les éditeurs de répéter ce succès avec les autres adaptations des romans de Jane Austen. On peut noter cependant une tentative timide avec la parution du dvd de la série réalisée par ITV, "Persuasion", qui est excellente. "Emma", avec Kate Beckinsale, n'est pas mal non plus. Mais il n'y a pas que Jane Austen qui plaise aux personnes âgées (voir plus haut).

 

 

Il me semble évident que nos génies du business français, non seulement ne sont pas intéressés par l’idée d’adoucir la vieillesse de leurs compatriotes (on n’est pas des naïfs) , mais qu’ils n’ont pas non plus le génie du business, puisqu’ils n’ont toujours pas compris, curieusement, que le vieillissement de la population n’est pas une hypothèse, mais une réalité bien concrète, tout comme le réchauffement climatique. Et que les séries intelligentes pour personnes âgées, c’est PORTEUR, comme on dit si bien dans leur milieu !

 

Non, messieurs les soi-disant génies du business, il n’y a pas que les jeunes, les ados (qui rapportent du pognon, il y a aussi les vieux : non seulement ils ont pour la plupart une retraite stable, mais en plus, ils sont nombreux - et payent aussi leur redevance!

 

Alors je me pose la question :  ces séries anglaises ne devraient-elles pas avoir été synchronisées en français depuis longtemps ?

 

Où est le problème?

 

Alors, ARTE, s'il te plaît, viens au secours de ma maman (et de tant d'autres)! Il me semble bien que nous ayions là la seule chaîne non payante qui ait programmé pour l'instant Les Tudors en français et Raisons et Sentiments… (encore que le film de Ang Lee soit bien supérieur à l'adaptation de la BBC).Seriez-vous assez "gentils", sur cette chaîne, pour prévoir un budget “synchronisation des séries anglaises, historiques ou non" ?

 

 

À qui pensent les programmateurs des chaînes télévisées françaises quand ils nous assomment de télé-réalité du genre Delarue et autres? Croient-ils que toutes les personnes âgées soient friantes de ce genre de trucs et que cela les fassent rêver !

 

Non, les vieux ont aussi le droit de rêver sans que ce soit Vivement Dimanche, de s’évader sans aller sur Koh Lanta ou je ne sais quelle autre ineptie, de rire sans que soit forcément pour eux Plus belle la vie ! Et les vieux ont surtout le droit de regarder Plus belle la vie ET d'autres séries plus exigeantes. L'un n'exclut pas l'autre.

Bref, les vieux ont le droit qu’on respecte leur intelligence et leur droit à la variété des programmes ! Et que leur donne-t-on à voir à la télé ? Quelles sont les séries télé et les films à la fois intelligents et distrayants qui rythment leur solitude quotidienne, celle de tous ces gens qui vivent souvent seuls et/ou isolés parce qu’ils n’ont plus de compagnon/compagne dans la maison et qu’ils ne sont plus assez autonomes pour aller faire leurs courses  ?

 

Il y existe plein de gens comme ça. Des gens qui n’ont plus que la lecture, la radio (merci France Inter, au moins, voilà une station qui offre encore des émissions culturelles et ludiques en meme-temps!), et enfin la télé : radio et télé, une voix qui leur parle…

 

Entre les sempiternels Comte de Monte-Cristo et Les Misérables***, il ne reste plus donc à ma maman qu’à se passer et se repasser la fameuse série culte „Orgueil et préjugés“, en attendant d’autres horizons télévisuels...


À moins que le "génie" commercial de nos businessmen ne finisse pour une fois par sortir de la fameuse lampe...puisque c'est de cela qu'il s'agit, apparemment...

 

*Série avec, entre autres, Matthew McFadyen


  **je ne parle pas bien sûr ici des minauderies insupportables de Keira Knightley! Reste que Matthew McFadyen - encore lui -  aurait gagné à avoir son rôle un peu plus étoffé, tant cet acteur est surprenant…

 

 

:*** Je n’ai rien contre les adaptations de romans français au contraire, mais elles sont peu nombreuses, souvent peu inspirées et par ailleurs, on pourrait tout-de-même espérer aussi des séries propres à remonter le moral des personnes âgées, qui dépriment déjà assez comme cela...Cela dit, les télés anglaises, elles, passent régulièrement ces adaptations de romans français.

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 09:06

Panthéon, panthéon pour tous...

Albert Camus aura-t'il son mot à dire?
Sans doute l'a-t'il déjà fait...

Monsieur le Président de la République française, élu par le peuple, au service du peuple, serait bien avisé de relire également "Le mythe de Sisyphe", peut-être y trouverait-il un sens à sa dure condition de président, incompris, obligé qu'il est de décorer des gens qu'il déteste  et qui le détestent..


ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe.

Il faut imaginer Sisyphe heureux.

Tout au bout de ce long effort mesuré par l'espace sans ciel et le temps sans profondeur, le but est atteint. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d'où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine.

C'est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m'intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre luimême. Je vois cet homme redescendre d'un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin. Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s'enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher.

Si ce mythe est tragique, c'est que son héros est conscient. Où serait en effet sa peine, si à chaque pas l'espoir de réussir le soutenait ? L'ouvrier d'aujourd'hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n'est pas moins absurde. Mais il n'est tragique qu'aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l'étendue de sa misérable condition : c'est à elle qu'il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.

Si la descente ainsi se fait certains jours dans la douleur, elle peut se faire aussi dans la joie. Ce mot n'est pas de trop. J'imagine encore Sisyphe revenant vers son rocher, et la douleur était au début. Quand les images de la terre tiennent trop fort au souvenir, quand l'appel du bonheur se fait trop pressant, il arrive que la tristesse se lève au cœur de l'homme : c'est la victoire du rocher, c'est le rocher luimême. Ce sont nos nuits de Gethsémani. Mais les vérités écrasantes périssent d'être reconnues. Ainsi, Œdipe obéit d'abord au destin sans le savoir. A partir du moment où il sait, sa tragédie commence. Mais dans le même instant, aveugle et désespéré, il reconnaît que le seul lien qui le rattache au monde, c'est la main fraîche d'une jeune fille. Une parole démesurée retentit alors : " Malgré tant d'épreuves, mon âge avancé et la grandeur de mon âme me font juger que tout est bien. " L'Œdipe de Sophocle, comme le Kirilov de Dostoïevsky, donne ainsi la formule de la victoire absurde. La sagesse antique rejoint l'héroïsme moderne.

On ne découvre pas l'absurde sans être tenté d'écrire quelque manuel du bonheur. " Eh ! quoi, par des voies si étroites... ? " Mais il n'y a qu'un monde. Le bonheur et l'absurde sont deux fils de la même terre. Ils sont inséparables. L'erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte absurde. Il arrive aussi bien que le sentiment de l'absurde naisse du bonheur. " Je juge que tout est bien ", dit Œdipe, et cette parole est sacrée. Elle retentit dans l'univers farouche et limité de l'homme. Elle enseigne que tout n'est pas, n'a pas été épuisé. Elle chasse de ce monde un dieu qui y était entré avec l'insatisfaction et le goût des douleurs inutiles. Elle fait du destin une affaire d'homme, qui doit être réglée entre les hommes.

Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l'homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l'univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s'élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l'envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n'y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit.

L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse. S'il y a un destin personnel, il n'y a point de destinée supérieure ou du moins il n'en est qu'une dont il juge qu'elle est fatale et méprisable. Pour le reste, il se sait le maître de ses jours. A cet instant subtil où l'homme se retourne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d'actions sans lien qui devient son destin, créé par lui, uni sous le regard de sa mémoire et bientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l'origine tout humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n'a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore.

Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.

 

Le Mythe de Sisyphe, Gallimard, 1942.

 

L' on peut penser que le poste de président de la République est celui où s'exerce dans l'absolu la plus parfaite expression de la liberté,  à défaut d'égalité et de fraternité.
Le président est le gagnant de la lutte vers les sommets, mais on dirait que la tâche n'est pas finie.
Il lui faut maintenant gouverner, et nourrir ce quotidien d'actes (ou d'intentions puisqu' hélas, un fils, une voix peuvent se mettre en travers du chemin) qui marqueront "symboliquement" (que peut bien signifier d'ailleurs la formule"acte symbolique fort"?) et occuperont les esprits de  débats incessants et changeants.
Pour conclure, il restera toujours des candidats à l'entrée au panthéon...
Après tout, d' être décoré de la légion d'honneur à entrer au panthéon, il n'y a qu'un pas...

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/lhumeurdefrancoismorel/


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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 16:51
Dans cette partie du discours devant le Conseil pour le développement durable*, Angela Merkel traite du budget fédéral, du pacte de stabilité et de croissance et du devoir impératif de réduire les déficits de l'État, considérant que cela fait partie de la politique du développement durable, notamment en faveur des générations futures.

L'extrait suivant est la traduction de la partie du discours retransmise sur la chaîne d'informations allemande Phoenix. Elle diffère sensiblement du discours publié sous forme écrite sur le site du gouvernement fédéral.


"Les raisons de la crise financière internationale se trouvent sans aucun doute dans la prise de risques incroyables et la pensée à court terme. Le développement durable en est en quelque sorte le contraire exact. C'est pourquoi ...je me suis attachée à promouvoir une charte d'économie durable, qui, selon ma conception - et il s'agit encore d'une "vision"- entrera un jour, à côté de la Convention des droits de l'Homme, en tant que  Convention économique dans l'arsenal des valeurs fondamentales des Nations Unies...
 
...
"S'il n'y avait pas eu la crise économique internationale, nous aurions eu en 2011 un budget fédéral en équilibre. En 2007 et 2008, les budgets globaux de l'État en Allemagne étaient équilibrés. Cela nous a fortement aidés, car cette année également, contrairement à beaucoup d'autres États dans le monde, nous ne dépasserons que de très peu le déficit de moins 3%, l'année prochaine ce sera un peu plus, mais juste seulement peu
. Mais nous avons également la ferme intention de retrouver dans quelque temps les critères du pacte de stabilité et de croissance.

L'Allemagne est le seul pays que je connaisse en tout cas, qui ... non... ce n'est pas le seul pays que je connaisse,  [rires dans le public] ... mais on verra ça tout de suite..., le seul pays qui, en plein milieu de la crise, a inscrit dans sa Loi fondamentale un "frein à la dette". Et si vous lisez jusqu'au bout ce qui est écrit sur ce "frein à la dette"... il y a bien eu des représentants du Bundestag allemand qui pensaient que c'était inacceptable d'un point de vue linguistique - c'est possible - [rires dans le public] - mais en revanche, c'est tellement détaillé qu'il n'y a absolument aucun échappatoire possible à ce "frein à la dette" ou presque ...absolument ...aucun - [rires dans le public]. Bien sûr, bien sûr, des précautions ont été prises dans le cadre de ce "frein à la dette" :  si une grande catastrophe naturelle survient, aucun pays ne peut naturellement rester les bras ballants en disant : "actuellement, nous ne pouvons malheureusement plus aider personne, parce que ceci ou cela". Lorsqu'il y a une crise économique du genre de celle que  nous avons vécue l'année dernière et que nous devons sauver des banques qui menacent de précipiter dans le gouffre l'ensemble de l'économie mondiale, on aurait la possibilité, sauf en cas de règles d'exception, de n'utiliser le "frein à la dette" que dans un cadre très limité.

Au niveau fédéral, en ce qui concerne l'endettement supplémentaire, nous devons atteindre au maximum 0,35% du PIB en 2016, c'est-à-dire à peu près 6 milliards d'euros, il s'agit ici des dettes structurelles, et non des dépenses exceptionnelles. Si, l'an prochain, nous atteignons 60 milliards de dettes structurelles, alors nous serons sur le sentier qui nous contraindra, d'année en année, à réduire les dettes. Dans le cas contraire, nous enfreindrions la Constitution de la République fédérale d'Allemagne.

Et un tel corset, il n'est pas possible de le serrer encore plus, c'est pourquoi nous nous trouvons ici devant une tâche extrêmement ambitieuse - les Länder devrons nous rejoindre en 2020 avec un endettement au niveau zéro - ce qui rentre bien dans le cadre du pacte européen de stabilité et de croissance. Pour cette raison, je souhaiterais que d'autres pays au sein de l'Union européenne ou même ailleurs dans le monde, se soumettent de la même manière à de fortes restrictions ".

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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 15:46

S’il est un thème cher à Angela Merkel et sur lequel elle est intarissable, c’est bien la politique du développement durable. Elle insiste régulièrement à ce sujet sur l’importance de cette politique pour les futures générations.


À l’occasion de la neuvième Conférence du Conseil pour le développement durable (Nachhaltigkeitsrat), qui s’est tenue à Berlin, le 23 novembre 2009, la Chancelière a pris position lors un discours qu'elle a tenu sur la politique du développement durable et la stratégie du gouvernement fédéral.


Mais voilà que, ô surprise, la chancelière et l’Allemagne, premier exportateur mondial de technologie de l’environnement, ont été récemment critiqués dans un rapport rédigé par un groupe d’experts qui ne comptait dans ses rangs, conformément au souhait expressément formulé par le gouvernement allemand, aucun scientifique allemand. La raison en était simple : le gouvernement souhaitait entendre la vérité de la part d’experts étrangers. Et la vérité s’est fait entendre.


Cela dit, on se prend à rêver qu’une telle exigence puisse émaner de la part de nos gouvernants français (je mets „gouvernants“ au pluriel, mais c’est une façon de parler...)…


Les sept experts étrangers consultés ont regretté, entre autres, une coordination médiocre entre la Chancellerie, les ministères et les gouvernements des Länder, tandis que, de leur côté, les partenariats entre le public et le privé ne seraient pas assez développés. L’action de l’Allemagne serait même parfois perçue comme un frein à la lutte contre le réchauffement climatique. Exemple : le débat sur le seuil limite d'émission de CO2 pour les voitures ou  les techniques de séparation et de stockage du dioxyde de carbone provenant des centrales à charbon. Selon les experts, les États-Unis et la Chine dépasseraient même l’Allemagne sur le marché mondial des techniques dites “vertes”.


Ainsi, le Suédois Björn Stigson, Chef des World Business Council for Sustainable Development, a résumé le rapport en concluant que l’Allemagne court le risque de perdre sa position de pointe en matière de politique du développement durable et qu’il est indispensable que soit realisé “un plan à long terme jusqu’en 2050, notamment pour l’énergie et le changement climatique“.

 

C'est donc à  l’occasion de la neuvième Conférence du Conseil pour le développement durable, qu'Angela Merkel a pris position dans un discours sur la politique du développement durable et la stratégie du gouvernement fédéral.


Devant un parterre d’experts allemands et étrangers, elle a développé son sujet favori dans  un discours parsemé de remarques plutôt drôles, comme elle sait si bien le faire. [voir traduction d'un extrait dans l'article suivant]


Dans son discours, Angela Merkel a critiqué l’industrie automobile allemande pour le temps perdu en ce qui concerne la conception des voitures électriques.


La Chancelière a expliqué comment elle compte faire avancer une économie du développement durable au niveau mondial. Elle souhaite que le principe du développement durable entre dans les valeurs fondamentales des Nations Unies, au même titre que la Convention des Droits de l’Homme, ajoutant qu’il faudra bien apprendre, “au niveau mondial, mais aussi en tant qu’États nationaux, à céder certaines responsabilités et à se soumettre à des mécanismes internationaux.”

 

Elle s’est dit en tout cas motivée et a déclaré qu’elle ferait tout son possible à Copenhague pour arriver à l’obtention prochaine d’un accord international et contraignant en faveur de la lutte contre le changement climatique.

 

Que sera sera….

 

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 12:30

Lorsque j'ai écrit mon article intitulé "Camus à la sauce élyséenne", en août 2008,  pour dénoncer la récupération de l'écrivain Albert Camus par le locataire de l'Élysée à des fins politiciennes (il s'agissait à l'époque de piocher dans le vivier culturel méditerranéen afin de promouvoir le lancement de l'Union méditerranéenne), j'étais bien loin de me douter que l'auteur, entre autres, de "L'homme révolté", dans lequel il analysait la violence révolutionnaire et l'impact du nihilisme dans l'aboutissement des révoltes aux systèmes totalitaristes, serait de nouveau mis à contribution, à son corps défendant, dès l'année suivante, comme porte-drapeau dans le cadre de la vaste entreprise de promotion de l'identité nationale!

Comme chez tout citoyen ou presque, la question de la panthéonisation d'Albert Camus me laisserait de marbre si ce n'était les circonstances dans lequelles elle est soulevée. En quoi cela me regarderait-il? Après tout, Camus n'est plus là pour nous dire s'il aurait apprécié qu'en l'érigeant au rang des grands hommes méritant de la patrie, l'État lui rende un honneur qui ressemble paradoxalement à une entreprise de "canonisation républicaine".

Je me trouvais par hasard au Panthéon lors de la panthéonisation d'André Malraux. Devant le cercueil, la sculpture de Giacometti, L'homme qui marche.
C'était impressionnant. Et l'atmosphère était solennelle.
Pour ce qui est du Panthéon, on a du mal à imaginer que Camus, lui dont on dit qu'il aimait le soleil, aurait souhaité se retrouver dans cet endroit sombre et lugubre. Mais la question n'est pas là. La question, c'est celle de la fin et des moyens, et par là, du sens de cette entreprise de panthéonisation.

L
'an dernier, le locataire de l’Elysée avait invité au château la fille de Camus et des écrivains du pourtour de la Méditerranée à l’occasion du cinquantième anniversaire du prix Nobel de Camus, pour donner du panache à sa tentative de construction de l'Union méditerranéenne. Et voici que cette année, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort accidentelle de l'écrivain, le plus haut représentant de l'État a exprimé son souhait de faire exhumer de nouveau l'écrivain, cette fois au sens propre, pour le faire entrer au Panthéon sous prétexte que "ce serait un symbole extraordinaire". Et cela tombe, comme par hasard, en plein débat sur l'identité nationale.

Et pour l'aménagement des collectivités territoriales et la suppression de la taxe professionnelle? Vite, Albert, un petit effort ! Il doit bien y avoir quelque chose dans votre biographie ?! Parce que pour la commémoration de votre date de naissance, 1913, zut, alors! Quelle malchance, un an trop tard, sinon vous auriez pu servir pour les élections de 2012.  Dans son article 
publié dans Libération"Camus, l'homme bien révolté", Philippe Lan çon nous décrit Camus comme "libertaire, rétif à tout pouvoir et à toute bénédiction".  Il n'y a donc rien à faire?

Au fait, la panthéonisation de Camus, ce serait un "symbole extraordinaire" de quoi?
Et dans cette affaire, l'adjectif "extraordinaire" ne pèserait-il pas au moins autant que le mot "symbole" ? Un scoop, en somme ?

Camus est connu pour avoir été un intellectuel lucide, et comme le décrit si bien Philippe Lan
çon dans son article de Libération "Camus, l'homme bien révolté", "deux idées, et non deux utopies, lui servent concrètement, et en situation, d’amers : justice et liberté....Camus est un homme cohérent dans ses combats contre tout ce qui tue, viole, humilie, amoindrit l’homme." Même lorsque Camus recevra le prix Nobel de littérature en 1959, il ne déviera pas de ses préoccupations fondamentales.

Philippe Lancon ajoute d'ailleurs plus loin : "Camus n’est en aucun cas le «juste milieu» que des agents conservateurs ont voulu faire de lui. Il est libertaire, rétif à tout pouvoir et à toute bénédiction. Il a horreur des opportunistes, des moralistes en chambre - et des complaisants : «L’effort le plus épuisant de ma vie a été de juguler ma propre nature pour la faire servir à mes plus grands desseins. De loin en loin, de loin en loin seulement, j’y réussissais.» Carnets, 1959)." ( Le journaliste ne peut alors réprimer le souhait que notre président ait "la bonne idée de s’en inspirer .)

Voir Camus régulièrement détourné, récupéré à des fins politico-publicitaires, c'est bien le monde à l'envers et, c'est pourquoi,
maintenant qu'il est question de ramener en grandes pompes le "symbole" (de L'étranger?) Albert Camus au Panthéon des grands hommes, il me semble utile de rappeler, encore et toujours, certains propos de l'écrivain qui donnent à penser qu'il aurait vécu la "panthéonite" aiguë du président, au mieux comme un contresens intellectuel, au pire comme un déni de son oeuvre:

„À l’étape où je suis de mon expérience, je n’ai rien à épargner, ni parti, ni église, ni aucun des conformismes dont notre société meurt, rien que la vérité dans la mesure où je la connais. J’essaie en tout cas, solitaire ou non, de faire mon métier et si je le trouve parfois dur, c’est qu’il s’exerce principalement dans la si affreuse société intellectuelle où nous vivons, où l’on se fait un point d’honneur de la déloyauté, où le réflexe a remplacé la réflexion, où l’on pense à coups de slogans, comme le chien de Pavlov salivait à coups de cloche et où la méchanceté essaie trop souvent de se faire passer pour l’intelligence. Si l’écrivain tient à lire et à écouter ce qui se dit ou ce qui s’écrit, il ne sait plus alors à quel saint se vouer. Restez un artiste ou ayez honte de l’être, parlez ou taisez-vous et de toutes manières, vous serez condamnés. Que faire d’autre alors, sinon se fier à son étoile et continuer avec entêtement la marche aveugle, hésitante, qui est celle de tout artiste et qui le justifie quand-même, à la seule condition qu’il se fasse une idée juste, à la fois de la grandeur de son métier et de son infirmité personnelle. Cela revient souvent à mécontenter tout le monde. Je ne sais pas si j’ai donné trop ou pas assez de signatures, si je suis prince ou balayeur, mais je sais que j’ai essayé de respecter mon métier et je sais aussi que j’ai essayé plus particulièrement de respecter les mots que j’écrivais, puisqu’à travers eux, je voulais respecter ceux qui pouvaient les lire et que je ne voulais pas tromper. »

L'extrait ci-dessus suffirait à lui-seul à montrer le contresens que représente cette tentative de récupération d'un écrivain dont toute l'oeuvre s'acharnait à explorer les fondements de l'absurde attaché à la condition humaine et ses conséquences sur l'entreprise en partie désespérée des hommes à lui donner un sens.
Mais on peut se dire que dans ce projet de panthéonisation de Camus, l'écrivain aurait trouvé matière à plonger au plus profond dans l'exploration des mécanismes de l'absurde... Au bout du compte, l'absurde formerait-il le seul lien cohérent dans ce projet ?

Dans L'homme révolté, Camus, qui aimait citer à l'occasion La Princesse de Clèves nous dit, dans le chapitre Révolte et Art : "Mme de La Fayette a tiré la Princesse de Clèves de la plus frémissante des expériences. Elle est sans doute Mme de Clèves, et pourtant elle ne l'est point."

Il pourrait en être de même pour L'Étranger. Il est sans doute Albert Camus, et pourtant il ne l'est point. Mais cela a dû échapper à ceux qui ont soufflé au président l'idée de traîner la dépouille d'Albert Camus au Panthéon...
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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 20:08


Deux liens, en cette semaine de la fête de la science (16 / 22 novembre 2009), pour les amateurs des ascendances humaines ( http://www.hominides.com/ ) et pour les amateurs d’art préhistorique ( http://www.bradshawfoundation.com/inora/ http://www.international.icomos.org/centre_documentation/inora/).

Enjoy it

Le nain paléontologue

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 16:15
Dans le classement des personnalités les plus puissantes de la planète, réalisé par le magazine Forbes, on trouve de tout, et même des politiciens coincés entre des (mauvais?) génies de la communication et des chefs de cartels de drogue ! Ou faut-il tout simplement y voir un bétisier global ?

Bien sûr, Obama est en tête et on ne saurait oser lui disputer la place (quoique certains concurrents pourraient être jaloux...), mais le voir suivi de près par Hu Jintao et Poutine, cela laisse rêveur quant à l'avenir de la démocratie et des libertés sur notre planète...

Serez-vous étonné d'apprendre que c'est seulement à la quinzième place qu'apparaît la première femme parmi les puissants : Angela Merkel, suivant de près Berlusconi, l'auto-proclamé "Jésus Christ de la politique italienne". Pour comprendre cette aberration, il faut bien dire que Merkel n'a pas la presse allemande à sa botte - oups, à son escarpin - et que, dotée d'une vraie stature politique, elle fait honneur à sa fonction, elle ... Femme de pouvoir, oui : Merkel gouverne la cinquième économie la plus forte de la planète avec un produit brut intérieur de 2,9 billions de dollars. Selon le magazine Forbes, elle est plus puissante que Hillary Clinton, qui ne décroche que la dix-septième place.
 
Et  je me dis alors : mais entre-nous, qu'est-ce que cela peut bien nous faire?
 
Persévérant malgré tout encore quelques lignes, je lis que Gordon Brown ne décroche que la 29e place et que notre président francais ne se voit attribuer que la 56e place du classement.

Mais comment ai-je fait pour ne pas me poser aussitôt la même question que le magazine Forbes, qui, voulant sans doute devancer les potentielles critiques malveillantes, demande sans rire : "Le Dalai-Lama (no. 39) est-il vraiment plus puissant que le Président francais Sarkozy (no. 56)?"

Être puissant ou ne pas être, est-ce là la vraie question?

Si Forbes avait délibérément tenté, avec sa question, de faire dans le comique absurde, il ne s'y serait pas pris autrement...
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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 16:03
C'est à cette tirade que me fait penser un article de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel dans lequel on nous raconte qu'aucun politicien avant Obama n'avait encore dit jusqu'ici de manière aussi charmante aux Chinois qu'ils vivent dans une dictature !

Obama, qui est actuellement en visite en Chine, a parlé à Shanghai devant un parterre choisi d'étudiants et leur a expliqué les avantages des messages non-censurés.

La rencontre avec les étudiants avait débuté comme de coutume : un dialogue poli, feutré, et le débat promettait une bonne sieste à Larry Summers, qui piquait régulièrement du nez, nous dit le journaliste du Spiegel:
 
"Les étudiants ont demandé ce que tout étudiant chinois demande quand il veut promouvoir sa carrière. Quelle est la position du président sur Taïwan ? Comment veut-il assurer la paix? Obama a répondu comme on répond quand on ne veut pas plomber la rencontre prévue pour le lendemain avec la direction chinoise. Il s'est déclaré pour une politique reconnaissant une seule Chine, donc contre l'indépendance de Taïwan. Et travailler en faveur de la paix serait une tâche rude et il faudrait pour cela bien plus qu'un président américain, comme par exemple un président chinois. Les grandes puissances doivent coopérer, a-t-il dit, flatteur."

Et voilà que l'ambassadeur des États-Unis s'en mêle et apporte un peu de piment au débat  en s'enquérant de la place de Twitter et de l'accès libre à l'Internet , les deux mots ne servant que de cache-sexe à ceux de démocratie et de liberté nous dit le Spiegel, ajoutant que la question a bien plu au président qui, "probablement, l'avait emmené lui-même dans sa valise".
Et il fit fort de répondre, disant en substance qu' à son avis, une société progresse mieux si elle est ouverte, ouverte également à l'égard de l'opinion de ceux qui pensent différemment. Sans l'Internet, il ne serait pas devenu président. Bien sûr, les puissants sont très critiqués sur l'Internet, comme il l'est lui-même à l'heure actuelle. Mais non seulement, par ce biais, le pays s'améliore, mais le président également. Pour sa part, il tient l'accès ouvert et non filtré aux informations pour un "droit universel"."

Comment dire aux Chinois qu'ils vivent en dictature ? Avec des fleurs, bien sûr ! Chacun sait bien que tout est dans la facon de le dire, n'est-ce pas ?

Comme dit le Spiegel, "les stars de rock collectionnent les clés de chambres d'hôtel, Obama les points de sympathie."

Fin de la partie. Après de chaleureux applaudissements, tout le monde peut se lever, et pour Larry Summers, il est temps de se réveiller.

Ah, la diplomatie, c'est tout un métier !

*"Es ist schon alles gesagt. Nur nicht von jedem." Karl Valentin (1882-1948)
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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 20:08

Ces herbes folles, sont-elles de celles qui poussent de travers, entre les crevasses du bitume?
De celles qui se mêlent au blé en été? De celles qui s'échappent au gré du vent qui a semé leurs graines au long des routes et des chemins? 
Ces herbes folles sont-elles de celles qui se faufilent dans les cerveaux humains, au gré des événements, dans les drames de la vie, dans la légèreté du quotidien?
Ce sont celles du dernier film d'Alain Resnais, dont je suis sortie surprise, étonnée, enchantée... 
Tout participe dans ce film à une sorte de perfection du cinéma, la lumière, les images, la musique, les références, le drame, la drôlerie, les acteurs, et le texte...
On balance, (comme Sabine Azéma!), entre envie de comprendre, d'interpréter, et le désir de fuir certaines certitudes. 
Ou celui de se laisser porter par la loufoquerie de certaines situations relayées par le travail d'Eric Gautier, le chef-opérateur, et d'aller au devant de la vague ou de la fuir. 
Comme je ne saurais mieux dire que cet article du Monde, dont je joins le lien, je laisse à tous ceux qui le désirent le soin d'aller au cinéma, ou bien de se dire: "encore un qui n'est pas pour moi"! 
En ce qui me concerne, je range ce film dans mes plaisirs absolus de cinéma, tel qu' In the mood for love de Wong Kar-Waï.

  http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2009/05/21/les-herbes-folles-resnais-laisse-pousser-l-herbe-folle-de-son-inconscient_1196063_766360.html


Et Sabine Azéma et André Dussolier sont immenses...

Alain Resnais, quelle force dans son regard sur le "vieillir", jeunesse et maturité mêlées. 
Un mot pour lui: admiration. Merci à l'enchanteur.

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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 13:23
On peut lire des analyses intéressantes dans la presse étrangère : je viens de tomber par exemple sur un article de la presse allemande dont le contenu était fort intéressant. 

Dans la catégorie "sus aux erreurs de pensée", un article par Jan Ross*, publié le 15 octobre 2009 dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit, s'attaque de manière analytique aux moteurs et erreurs de perception et d'interprétation,
aux États-Unis comme à  l'étranger, en ce qui concerne l'action politique menée par Barack Obama, et partant, l'homme lui-même, puisque le leitmotiv des critiques dont il fait l'objet se rapporte au vocabulaire psychologique : il est en effet régulièrement question de la prétendue "indécision" de Barack Obama au niveau politique, et par extension, de la "faiblesse" dont il ferait preuve dans la fonction qui est la sienne...

Partout dans la presse, on peut lire que l'attribution à Barack Obama du prix Nobel de la Paix, loin de le soutenir dans sa démarche politique, constituerait plutôt une pierre dans le jardin géopolitique du président américain : finis les beaux discours, dorénavant, il s'agirait d'afficher des résultats! Les critiques fusent de toutes parts : pour certains, Obama n'en fera jamais assez et reste une promesse non tenue, pour les autres, notamment ses détracteurs Républicains, il pratiquerait une politique d'affaiblissement des États-Unis.

Et justement, dans les discours souvent haineux qui dénoncent l'attribution du prix Nobel de la Paix à Obama sous prétexte qu'il plairait aux Européens désireux d'une "Amérique affaiblie, castrée, et c'est [le prix Nobel de la Paix] leur manière de propager cette idée", dans cette exagération des blâmes proférés contre le président américain par les néo-conservateurs, se trouve la mélodie de fond qui sous-tend la critique typique de la droite américaine : cette exigence "des actes, pas des mots "", la peur de la "faiblesse", l'attente d'un acte libérateur,  alors que même ses amis ont trouvé que l'attribution du Prix Nobel de la Paix à Obama était bizarre.

Mais voilà : comme le dit Jan Ross dans son article, "il y a une erreur de pensée fondamentale dans l'exigence de résultats qu'Obama se devrait enfin de délivrer, dans les doutes exprimés sur sa force et sa fermeté. On utilise ici les critères d'autrefois, les lois d'un monde disparu." Et Ross continue en expliquant qu'en effet, ce n'est  pas la prétendue indécision de Barack Obama qui serait responsable de la modestie des succès remportés jusqu'ici et que la résistance du monde aux volontés américaines "n'a rien à voir avec les qualités personnelles du président américain, mais en réalité avec la perte historique de la puissance des États-Unis (et de l'Ouest en général). Nous voici donc face à un processus historique dans lequel Obama a été propulsé, dont il est l'expression et qu'il doit maintenant gérer".

Fini le temps où les occidentaux réglaient les problèmes entre eux, où les États-Unis pouvaient n'en faire qu'à leur tête et ignorer les exigences du reste du monde (comme ce fut le cas pour la guerre en Irak en 2003), puisque plus rien ne se fait dorénavant sans la Chine ou l'Inde. Dans la crise avec l'Iran par exemple, comme dans celle du Moyen-Orient, sans oublier la crise économique mondiale, il convient de s'assurer la coopération de tous les pays susceptibles de peser dans la balance.

Et le journaliste allemand de conclure avec perspicacité: "il serait illusoire d'imaginer qu'un président américain n'a qu'à taper du poing sur la table pour faire disparaître ces déplacements de pouvoirs. Croit-on sérieusement qu'un président McCain "volontariste" ou une présidente Clinton plus axée sur "des faits, pas des mots" auraient poussé  vers la sortie le président frauduleusement élu Ahmadinedjad ou qu'ils auraient amené les jeux olympiques à Chicago ? Toute cette rhétorique "de commandement" n'est qu'une gesticulation avec des épées en plastique.

Jan Ross va même plus loin en affirmant que les critiques des opposants au président Obama dans son pays obéissent à la tactique du "refoulement" : il s'agit en effet de rendre Obama, ses idées et son milieu social responsables de la crise, afin d'éviter de regarder en face la reálité amère du déclin historique. "Mais que dans le reste du monde, il y en ait tant  qui eux-mêmes intériorisent de cette perspective, voilà en revanche qui est surprenant", nous dit-il.

La leçon qu'en tire le journaliste allemand est intéressante et l'on devrait y réfléchir, surtout ceux qui ont intériorisé la perception d'un Obama "faible" et "indécis". Jan Ross nous dit ceci : "la déception face à un Obama "faible" et "incapable de fournir des résultats" nous fait oublier un peu vite quel genre d'espoir avait été mis en lui. Non, comme aiment à le répéter les détracteurs d'Obama, que ce dernier, tel un messie, éradiquerait le Mal de ce monde. Mais qu'avec le nouveau président des États-Unis, un minimum de raison pourrait réintéger les rapports internationaux, que la température globale de la crise baisserait et que les États-Unis s'adapteraient à la réalité modifiée du 21e siècle - à la réalité de sa propre perte de puissance."  Et à en croire le journaliste, c'est bien une présidence à la mesure du changement historique vécu par les États-Unis que nous avons actuellement : le destin du "dirigeant du monde libre" est co-décidé par le reste du monde, notamment parce que seuls des succès internationaux pourront protéger Obama contre les reproches de son opposition nationale selon lesquels il braderait le destin de l'Amérique.
 
Pour cette raison, les mots martelés par Obama ne sont pas anodins : en effet, comme le rappelle Jan Ross, "Quand Obama dit que les États-Unis ne peuvent pas porter seuls sur leurs épaules les fardeaux du présent et de l'avenir et qu'ils ont besoin d'être aidés, il ne faut pas y voir une simple fa
çon de parler. Ce dont notre époque et la présidence d'Obama ont besoin, c'est d'un travail d'équipe ("teamwork") au niveau mondial."

Comme disait l'autre : "Alea jacta est."

*Article de Jan Ross dans Die Zeit, intitulé: "L'impuissance du plus puissant" ("Die Ohmacht des Mächtigsten")
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