Devant la tournure que prend actuellement notre tragi-comédie footballistique, une question me taraude : cela fait des années, des décennies même, qu'on nous vante les vertus du sport, et en particulier du football, soi-disant le plus grand de tous les sports, si l'on écoute notre président toujours pressé du discours à l'emporte-pièce, comme étant LA solution aux problèmes des banlieues, et même de la crise, (toujours dixit notre président - je suppose qu'il voulait dire: "exutoire"...)!
Et pourquoi, Boll's ? Parce que, nous a-t-on fait croire, les sports d'équipe encourageraient l'esprit d'équipe, eh con! Tant qu'à faire, on n'avait qu'à choisir le rugby. Voilà un sport d'équipe qui n'a pas - encore - fait de morts entre supporteurs dans les tribunes - enfin, à ma connaissance. Et de toutes manières, le rugby, c'est plus franc, comme sport. Et d'ailleurs, je vous le demande : un ballon ovale, n'est-ce pas plus original qu'un ballon rond ?
Tous ceux qui y trouvent leur intérêt, politiciens en tête, poussent la mauvaise foi à nous citer la fonction éducative des joueurs sur le plan moral, éthique et tuti quanti, au point de justifier ainsi le caractère scandaleux de leurs salaires mirobolants. Tout cela pour taper comme des idiots dans un -seul- ballon sur un terrain. Deux fois onze joueurs sur le terrain : donnons-leur deux fois onze ballons et qu'on n'en parle plus ! Car en fait, ce sport dont on prétend qu'il favorise l'esprit d'équipe, contribue précisément à stimuler le contraire : les joueurs, comme le dit bien le mot : "se disputent" le ballon!
Ah excusez-moi, j'avais oublié qu'il y a une équipe adverse... il s'agit donc bien d'une guerre de gangs...
Alors, qu'en plus, ils s'insultent entre eux, on s'en moquerait. Mais voilà : la légende des vertus socio-éducatives du foot en prend un coup et les commentaires des "sources autorisées" - ou non - repartent de plus belle...
Et pour bien compliquer bien les choses, toutes ces personnes se voulant philosophes ou policitiens s'en mêlent systématiquement et se piquent de faire des commentaires tendancieux pour le bien de leur com'. Parmi toutes les petites phrases, la manoeuvre la plus populiste a été celle de Rama Yade, qui croyait sans doute se faire bien voir du bon peuple en faisant un cours de morale budgétaire à des bonshommes qui n'en n'ont par ailleurs rien à faire... Un petit jeu de communication qu'elle a perdu, d'ailleurs, par les soins du Canard enchaîné et de ses révélations sur le prix de la propre chambre d'hôtel de Rama Yade pour le mondial d'Afrique du Sud...
Politiciens et philosophes opportunistes s'accaparent à leurs propres fins le foot en le transformant en une cause nationale. Morale (re-sic) de l'histoire ? Tout simplement : quoi de mieux pendant une crise, que "du pain et des jeux" ?