J'ai lu ces derniers jours dans la presse française que, suite à des fuites malheureuses lors des épreuves du BAC, certaines personnes bien intentionnées en ont profité pour remettre en question l'importance, voire l'utilité de cet examen.
Décidément, certains font feu de tout bois pour se rendre intéressants. Car enfin, on peut certes questionner la forme et la manière dont on fait passer le BAC de nos jours, en France, mais jeter immédiatement le bébé avec l'eau du bain me semble relever d'un comportement tout autant impulsif qu'inconscient.
Comment ? Voilà une France qui se voudrait subitement pionnière en matière d'éducation en choisissant précisément de jeter son BAC à la poubelle, tandis que les pays alentours, dont l'Allemagne, persistent à en faire, contre vents et marées, un événement à la hauteur de l'enjeu pour le bachelier : le sésame pour son avenir. Et alors que, justement, en Allemagne, l'événement est fêté comme il se doit : par un grand bal de fin d'année où sont conviés toutes les familles et connaissances.
J'en ai fait tout récemment l'expérience. Mon fils vient en effet de passer son BAC en Allemagne, que l'on appelle ici l'ABITUR. J'y voyais en premier lieu une affaire personnelle pour mon fils. Mais c'était sans compter avec l'organisation et les séances de révision et de préparation aussi bien entre élèves qu'entre élèves et professeurs, qui ont entouré cette phase de la vie des élèves de son lycée.
Mais qu'est-ce qui fait donc que le BAC y est considéré comme un événement si important? Et surtout, comment y est-il organisé?
L'élève qui a réussi à entrer au lycée (Gymnasium) après l´école primaire, achève sa scolarité du secondaire par trois années de préparation au BAC, dont la première est une année d'initiation suivie des deux dernières années où chaque partiel entre dans le calcul de la moyenne du BAC. Bref, il s'agit d'un contrôle continu au terme duquel l'élève passe l'examen écrit - un écrit dans ses deux matières fortes (options) respectives (Leistungskurse) et un écrit dans une autre matière de son choix. Ensuite vient l'oral, dans deux autres matières et le tout entre à peu près, si je ne me trompe, pour 30% dans la moyenne de l'Abitur. Comme on peut le constater ici, le lycéen a le temps de "bâtir" son examen sur deux années, autant par son talent que par un jeu de stratégie, car toutes les matières comptent d'une manière ou d'une autre. L'Abitur requiert un contrôle dans toutes les matières, que l'on soit scientifique ou littéraire, chacun ayant donc le loisir de répartir ses coefficients comme il l'entend.
Ainsi, l'Abitur est considéré en Allemagne comme une grande étape de la vie d'un(e) jeune Allemand(e) et, une fois son BAC en poche, c'est non seulement toute sa famille qui fête l'événement, mais également toute l'école lors d'un bal qu'elle a organisé, souvent dans un endroit chic ou branché où la robe de soirée est quasi-obligatoire pour les bachelières - mais pas pour leurs mères qui ne sont pas forcément en reste - et le costume pour les bacheliers, certains et certaines venant y apporter leur propre note de créativité!
Cela dit, je tiens à rassurer mes lecteurs et lectrices, le prix exigé pour la soirée est très abordable et, moi-même, qui fêtait donc le Bac de mon fils, j'ai simplement improvisé une tenue festive, tandis que certaines de mes amies ont tenu à s'y rendre en pantalon. Orchestre, discours du proviseur et des profs sur la cuvée 2011, sur certains élèves fantasques aussi, discours également - souvent très provocateurs - d'élèves sur leurs profs et sur leur lycée, remise des diplômes, présentation du gros album du Bac 2011, édité par les élèves et répertoriant chaque élève et chaque professeur impliqué durant ces trois dernières années dans l'aventure. Autant dire que la soirée était animée!
Et là, nous avons enfin réalisé : notre fils a le BAC ! - et même deux bacs puisqu'il a passé également, conformément à son programme, l'ABIBAC : deux bacs en un : l'Abitur allemand et le Baccalauréat français. Je précise pour ceux que cela intéresserait, qu'il s'agit là d'un programme d'échange avec la France et que les élèves francais peuvent aussi passer l'ABIBAC en France.
Finalement, pour éviter toutes ces polémiques actuelles sur le BAC, je propose que l'on tire les leçons de ce qui s'est passé ces derniers jours en France pour accepter de réfléchir à nouvelles pistes susceptibles d'être explorées. Par exemple: envisager un contrôle continu sur deux ans en plus de l'examen, ce qui rendrait moins intéressantes les fuites concernant les sujets du Bac.
Et pourquoi pas : que les surveillants d'examen se fassent remettre les téléphones portables à l'entrée de la salle d'examen, comme cela est la norme en Allemagne et a été exigé de chaque candidat au bac allemand lors de toutes les épreuves que mon fils a passées dernièrement! Cette mesure, évidente, était connue de tous à l'avance et n'a posé aucun problème!
Moi je dis: Bac-chiche!