Le nain paléontologue que je m’emploie à être ne pouvait que se précipiter au réemploi de ptérosaures (reptiles volants du secondaire), brontothères (parents disparus des rhinocéros) et autres jolies bébêtes en 3D relief.
Pas de déception ! Avatar présente tout ce qui a fait le succès du réalisateur des Terminators : les combats musclés, les confrontations entre un petit groupe de civils et des militaires, la dénonciation des logiques inhumaines des puissances collectives (armées, trusts...), les intelligences artificielles ou venues d’ailleurs, les espaces confinés, les femmes fortes et les êtres d’exception.
Les nouveautés consistent dans de grands espaces naturels et, bien que le thème soit nettement transposé d’Abyss (la folie guerrière et oppressive de l’homme), la folie destructive au nom du profit.
Clairement, les civils sont nommés “écolos” par les militaires à la solde de la compagnie exploitante du patrimoine de la lune Pandora.
Message à la mode diront certains ; mais, vu que j’y adhère, je ne m’en plains pas.
La Nouvelle Zélande magnifiée par l’infographie et les mouvements parfaits des êtres vivants de la forêt fluorescente redoutable de Pandora sont un plaisir pour les yeux.
Le cinéaste ne cherche pas à cacher que le film est l’habillage exotique d’une histoire de cow-boys colonisateurs et d’Indiens à “cheval” (le mot est prononcé dans la version française, la seule que j’ai visionnée, par la native héroïne).
L’univers créé, cohérent, emprunte à la théorie de Gaïa (1) et résiste aux visions successives de l’œuvre tant il fourmille de détails.
La difficulté à faire passer un message de préservation écologique est très bien transcrite, d’autant plus que les diables bleus autochtones (avec longues oreilles, canines et queue, leur propension à vous crucifier dès qu’ils trouvent une bonne raison...) sont suffisament “sauvages” pour que l’on éprouve les mêmes difficultés que dans la vie non virtuelle à tolérer des existences libres et dépourvues d’économie de marché.
Bien sûr, d’aucuns regretteront la volonté affichée d’offrir un film tout public, pour faire réfléchir les jeunes générations, sans transgression ou au-delà de l’écran quelconques.
Je n’en suis pas.
Tout au plus noterais-je que l’auteur n’a pas encore trouvé d’autre manière de combattre les violences des puissants que l’artillerie lourde ; mais c’est son fond de commerce, et en existe-t-il une ?
Le nain paléontologue.