J'aime bien écouter cette émission qui aborde toujours des sujets d'actualité dont on parle peu ailleurs et qui les approfondit. Ce matin, le contenu du reportage avait de quoi faire froid dans le dos.
L'émission s'intitulait : L'EMPIRE NOIR DE VINCENT BOLLORÉ (allusion à la mainmise des filiales de Bolloré sur l'économie du Cameroun).
Un empire, nous dit-on, peu soucieux du developpement du pays et qui serait héritier des méthodes de la France-Afrique.
En 1999, Bolloré obtient l'exploitation des chemins de fer camerounais. Depuis, le secteur transport de passagers se serait tellement détérioré qu'il ne faudrait même pas envisager de prendre le rail pour se rendre à Yaoundé. Il n'y aurait plus de service fiable. Le rail serait utilisé par Bolloré pour transporter toute la logistique liée à l'industrie du pétrole.
Entre autres, les conditions de travail des employés des filiales de Bolloré sont assimilées par lles intervenants camerounais à de "l'esclavage modernisé".
Exemples de réflexions énoncées par des Camerounais interrogés sur place :
"Le principal se trouve ... au niveau de la souveraineté alimentaire - je ne comprends pas qu'un pays qui est incapable de se nourrir s'engage dans la production des agrocarburants" [la société Bolloré, nous dit-on, investit beaucoup dans les agrocarburants]. Grand risque : que ce soit les terres les plus fertiles qui soient réservées aux agrocarburants. "Parce que ceux qui se lancent dans l'agrocarburant, ce sont ceux qui ont les moyens...on a connu la famine de février..."
Un autre témoin qui travaille pour la société Socapalm [contrôlée à 40% par Bolloré]:
"Onze ans de service et je n'ai même pas une feuille de tôle".
Le mieux est d'écouter l'émission elle-même, dont voici le lien :
link
Voici la présentation, sur le site de France Inter, de l'émission diffusée le 29 mars 2009:
France Inter
INTERCEPTION
Une Enquête de Benoît Collombat sur les investissements de Bolloré au Cameroun
CAMEROUN
"L'EMPIRE NOIR DE VINCENT BOLLORE"
Emission présentée par Lionel Thompson
Vincent Bolloré est sans doute aujourd'hui l'un des hommes d'affaires français les plus puissants et les plus influents. Un homme d'affaires qui sait choisir et cultiver ses amitiés. C'est sur un yacht lui appartenant que Nicolas Sarkozy était allé passer quelques jours de repos, juste après son élection à la présidence de la République, en mai 2007.
Héritier d'un groupe industriel familial, Vincent Bolloré a bâti en quelques décennies un véritable empire diversifié dont le chiffre d'affaires est estimé à plus de 6 milliards d'euros. Une partie de cette fortune est désormais réalisée sur le continent africain. Par le biais de diverses sociétés, le groupe Bolloré occupe une place déterminante dans les économies de Côte d'Ivoire, du Congo, du Gabon ou du Cameroun. Dans ce dernier pays, il contrôle en grande partie le port autonome de Douala, les chemins de fer et des plantations de palmiers.
Alors que Nicolas Sarkozy effectue cette semaine une tournée dans plusieurs pays africains, Benoît Collombat a enquêté au Cameroun et a recueilli des témoignages inédits de camerounais qui décrivent les réalités concrètes de cet empire et sa face sombre, héritage direct d'une " françafrique " avec laquelle Nicolas Sarkozy prétendait rompre à son arrivée à l'Elysée.
Réalisation : Anne LHIOREAU
Sur le site figure un lien avec la réponse du groupe Bolloré sur la question.
Les mots sont clairs, nets, propres, il y est question de chiffres mais je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'en penserait le pauvre bougre qui fait partie de ceux qui bossent depuis si longtemps pour des clopinettes pour une société qui n'a jamais jugé bon de leur faire installer ne serait-ce que des latrines... Tout cela me rappelle un reportage qui avait été diffusé en 2007 sur France 2 dans le magazine Envoyé Spécial concernant les conditions de travail scandaleusement déplorables d'Africains employés en Afrique par la société Firestone.
Comme dit l'autre, les bras m'en tombent.