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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 21:44

 En 1957, à Paris, trois mois après avoir reçu le prix Nobel de littérature à Stockholm, Albert Camus (* 1913 † 1960)  parle du rôle de l’écrivain devant ses amis espagnols qui ont fui le franquisme.

 

À méditer sans modération…

 

„À l’étape où je suis de mon expérience, je n’ai rien à épargner, ni parti, ni église, ni aucun des conformismes dont notre société meurt, rien que la vérité dans la mesure où je la connais. J’essaie en tout cas, solitaire ou non, de faire mon métier et si je le trouve parfois dur, c’est qu’il s’exerce principalement dans la si affreuse société intellectuelle où nous vivons, où l’on se fait un point d’honneur de la déloyauté, où le réflexe a remplacé la réflexion, où l’on pense à coups de slogans, comme le chien de Pavlov salivait à coups de cloche et où la méchanceté essaie trop souvent de se faire passer pour l’intelligence. Si l’écrivain tient à lire et à écouter ce qui se dit ou ce qui s’écrit, il ne sait plus alors à quel saint se vouer. Restez un artiste ou ayez honte de l’être, parlez ou taisez-vous et de toutes manières, vous serez condamnés. Que faire d’autre alors, sinon se fier à son étoile et continuer avec entêtement la marche aveugle, hésitante, qui est celle de tout artiste et qui le justifie quand-même, à la seule condition qu’il se fasse une idée juste, à la fois de la grandeur de son métier et de son infirmité personnelle. Cela revient souvent à mécontenter tout le monde. Je ne sais pas si j’ai donné trop ou pas assez de signatures, si je suis prince ou balayeur, mais je sais que j’ai essayé de respecter mon métier et je sais aussi que j’ai essayé plus particulièrement de respecter les mots que j’écrivais, puisqu’à travers eux, je voulais respecter ceux qui pouvaient les lire et que je ne voulais pas tromper. »

 

Et ce texte ne vaut pas uniquement pour les écrivains, on peut très bien, en effet, le transposer et le replacer dans le contexte politique de toutes les époques et notamment, de la nôtre.

 

Il est un président qui a réuni dernièrement à l’Elysée la fille de Camus et des écrivains du pourtour de la Méditerranée à l’occasion du cinquantième anniversaire du prix Nobel de Camus.

 

Selon son porte-parole, le président aurait beaucoup parlé de Camus, de la sensualité de Camus. Il aurait vanté le non conformisme, en particulier de Camus, nous dit-on.

 

(« À quand l’éloge élyséen de la sensualité de Desproges ? »… demande Naine fantasque)

 

( Camus : « l’assez affreuse société intellectuelle où nous vivons, où l’on se fait un point d’honneur de la déloyauté »…)

 

Toujours selon son porte-parole, le président aurait déclaré à cette occasion que, « grâce à Albert Camus », chaque fois qu’il va en Algérie, il a « la nostalgie (sic) de ne pas être né (re-sic) en Afrique du Nord».

 

(« Qu’on puisse avoir la nostalgie de la non naissance, où que ce soit, ça me laisse dubitative » dit Naine sourcilleuse)

 

(Camus : « …où le réflexe a remplacé la réflexion »).

 

Et comme, quand un politicien invite des écrivains et de surcroît, la fille d’un des plus célèbres parmi eux, il faut au moins que cela serve à quelque chose, le président aurait donc aussi déclaré dans la foulée, nous dit-on, que, "à la différence de l'Europe, l'union méditerranéenne ne se construira pas sur l'acier et la politique mais sur la culture".

 

(« Ah bon, pas de contrats ? »....demande Naine vilaine)

 

Camus : «… où l’on pense à coups de slogans ». « …je sais aussi que j’ai essayé plus particulièrement de respecter les mots que j’écrivais, puisqu’à travers eux, je voulais respecter ceux qui pouvaient les lire et que je ne voulais pas tromper. » 

 

C’est bien ce qu’il me semblait : il y a six mois, le SPIEGEL titrait en couverture : « L‘érotisme du pouvoir » à propos de la France. Cette semaine est paru dans le grand hebdomadaire Die ZEIT un dossier (traduit en allemand) de la correspondante du Point en Allemagne, Pascale Hugues. Il s’agit d’un article intitulé : « La République sexuelle » avec un tableau illustré et fléché de tous les liens de pouvoir et de sexe entre les dirigeants en France, qu’ils soient issus du monde de la politique, de l’art ou de l’économie.

 Personnellement, je m’en fiche.

 Mais je m’étonne tout de même qu’un excellent journal tel que Die ZEIT publie un truc pareil.

 Je n’ai pas encore lu l’article.

Une chose est sûre : Le syndrome « série Tudors » a de nouveau frappé dans les journaux.

 

 

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