Allez, justifions mon pseudo de Nain Paléontologue...
Ce mois d’août est sorti l’intéressant dossier de La Recherche concernant “la nouvelle histoire de l’homme”.
Autre chose que les simplistes “l’Odyssée de l’espèce” ou “Homo sapiens” diffusés sur FR3, qui avaient au moins le mérite de nous rappeler notre affiliation aux grands singes ; les 98,7 % de matériel génétique que nous partageons avec le chimpanzé le confirment : ses ancètres et les nôtres ont un ancètre commun assez récent.
Ce numéro, rédigé par des chercheurs dont la préface prévient avec justesse que comme “la paléoanthropologie est un champ scientifique vivant, ils ne s’accordent pas toujours”, pose d’emblée le fait que “ l’histoire de l’homme ne sera jamais parfaitement connue”.
On lit dans l’entretien inaugural que “malgré l’acrimonie de certains débats [moi je dirais des polémiques], “il y a presque un consensus en évolution humaine”.
Pourtant, aux détours des paragraphes, on s’apperçoit que :
- nous ne savons pas comment nous nous sommes mis debout
- les australopithèques ne seraient plus nos ancètres [ça, on le savait]
- la célèbre Lucy (Australopithecus afarensis, 3,4 millions d’années) n’appartiendrait pas à l’espèce à laquelle on l’avait rattachée [aïe]
- Orrorin tugenensis (6 m.a.) pourrait n’être qu’un vieux chimpanzé [trop mal en point]
- le fameux Toumaï (Sahelanthropus tchadensis, 7 m.a.) pourrait n’être qu’une vieille guenon de gorille [c’est l’inventeuse d’Orrorin qui dit ça]
- on ne connaît pas l’ascendance de notre grand père Homo erectus [si c’est bien lui...]
- les origines de l’Homme moderne (Homo sapiens sapiens) se perdent dans de confus brassages génétiques [quel fornicateur celui-là]
- et, entre autres sinon on n’en finirait plus, Néandertal et Sapiens ne se seraient même pas rencontrés en 10 000 ans d’union européenne [mort de quoi, le premier ?].
On aura compris qu’entre les Chinois d’un nationalisme exacerbé qui soutiennent qu’ils ont évolué sur leur sol depuis 2,6, et peut-être 10 millions d’années, sans rapport avec les Africains ou les Occidentaux, et ceux qui disent que pour qu’Homo floresiensis (ce “nain”de 1 m 10, si contesté) ait pu exister, il a fallu qu’Homo erectus soit un as de la navigation 800 000 ans plus tôt, le “presque” “consensus” annoncé est pour le moins fragile.
Espérons donc que c’est à une lecture attentive de cette revue, voire de sa belle bibliographie, que le grand public se livrera, et non pas à un parcours rapide des gros titres du sommaire -du genre “Homo habilis n’est pas l’ancêtre d’Homo erectus” [ce qui est vrai, au demeurant]- qui risquent de fissurer sa confiance envers la démarche scientifique, si bien illustrée ici dans toutes ces remises en question.
Tant de bandits de grands chemins obscur (antiste)s, tels le Créationnisme ou le Dessein intelligent (évolution dirigée) nous guettent pour nous couper de notre ascendance animale, qu’il faut marteler que c’est dans le cadre de la Théorie de l’Évolution que toute découverte s’interprète, ce que font ici avec bonheur la quasi totalité des auteurs.
A vos kiosques !
(*) Sapiens : en latin, sage ou savant.
Le Nain Paléontologue (qui ne l’est pas, d’ailleurs).